• Tu n'es pas seul by Cycy la vache de l'espace

     

    CHAPITRE 18 : Snow in my heart

     

    Shaolan fonça droit devant lui, ayant compris en une fraction de seconde que la plume n’avait, en fait, jamais quittée sa gardienne, la Fée des glaces ! Shaolan couru vite, toujours plus vite vers le dénouement, vite avant que le Roi maléfique ne s’empare de la plume ! Vite et pourtant rapidement rattrapé par Fye, dont la seule volonté était de sauver Shirahime.

    « Il faut qu’on arrive à temps… Pour toutes les deux !!!! », conclu Sakura, véritablement déchaînée et décidée qu’aujourd’hui, elle n’en ferait pas moins que les garçons. N’ayant qu’un seul bras de libre car l’autre portait Mini Kuro et Mokona, Kurogane grommela tout le long de leur course à travers un lugubre corridor, mettant à terre tous les adversaires qui surgissaient de part et d’autre pour les ralentir, et qui s’enfuyaient sous les attaques d’un Gluck furieux et fermant la marche en assurant leurs arrières.

     

    «  SHIRAHIME CHAN !!!! » 

     

    Fye n’avait pas pu se contenir. Son cœur avait bondit lorsque, parvenu au sommet de cet escalier qui dominait une vaste salle, rien ne lui avait échappé : ni la foule des courtisans vêtus comme pour aller au bal masqué, s’inclinant en se faisant des courbettes, ni le Roi des Corbeaux, goguenard et triomphal, irradiant depuis son trône luxueux, ni Shirahime, seule note de pureté dans la salle, inanimée et vulnérable , allongée dans son kimono raffiné sur un autel couvert de fleurs, de rubans et d’encens, comme blanche-neige attendant le baiser du Prince dans son cercueil de cristal

     

    « Attaque Jonutchi !!!! »

     

    Le petit Kurogane avait bondit des bras du grand, la lame de son Katana, devenue d’un bleu glacé intense, lacérant l’air d’un grand éclair foudroyant en direction du Roi des Corbeaux. Peut-être aurait-il atteint sa cible si une espèce de grand baleze au crâne d’œuf s’était interposé avec un rire gras. Il répliqua une violente attaque au marmot, qui n’avait pas encore l’expérience nécessaire pour le contrer… Mini Kuro vit l’attaque de son adversaire foncer droit sur lui… Et être intercepté par le grand Kurogane !

    « Promotion du jour : Deux pour le prix d’un ! », dit-il en balançant une double mandale au crâne d’œuf.

    Pendant que Kurogane s’occupait du bras droit et des larbins du Roi sous les encouragements du petit, le Roi des Corbeaux s’était levé de manière théâtrale et approché de son otage :

     

    « Fée des glaces, livres nous le secret de la plume sacrée ! »

    Il y eu soudain un grand flash aveuglant provenant de Shirahime, toute une série d’éclairs colorés, et comme issu du néant, un chœur de voix étranges se répercutant sur toute la salle. Le corps de Shirahime s’éleva lentement dans les airs, aussi léger qu’un papillon. De la manière la plus incongrue et surnaturelle qu’il soit, il se mit à neiger à l’intérieur de la pièce, les flocons moussus et froids d’une véritable neige…

     

    « PLUME ! », s’écria Mokona.

     

     A la même seconde, la Princesse Sakura s’éleva elle aussi dans les airs, y évolua avec grâce comme une danseuse, ses yeux fixant Shirahime d’un air étrange, mystèrieux, comme s’ils voyaient au-delà de ces lieux et de ce temps… Puis arrivée à la hauteur de Shirahime, elle aussi avait perdu connaissance.

    En vérité, ces évènements s’étaient tous précipités à une vitesse folle, en l’espace de quelques secondes seulement ! Shaolan et Fye s’étaient déjà précipités simultanément à la rescousse des deux jeunes filles, de bonds en bonds sur tous les obstacles qui encombraient la pièce, sous cette neige battante. Par sa volonté et sa vitesse, Shaolan parvint rapidement jusqu’aux jeunes filles. Fye, lui, était ralentit par ses blessures et combats précédents. C’est sans surprise qu’il vit se dresser devant lui le Roi des Corbeaux, qui avait décidément une dent contre lui.

     

    « Votre obstination à me contrarier commence sérieusement à me lasser, dit le Roi en dégainant son arme élégamment.

    - Si tu lui ferme pas sa grande gueule, à ce gros con, je ne te le pardonnerais pas ! », vociféra Kurogane dans son langage fleurit , et occupé à bastonner, épaulé de son jeune double, à quelques pas de là.

    Fye eu son sourire HAPPY FACE NUMBER ONE, le plus beau et le plus éclatant, luminescent sur son visage. 

    « Ah ! Ne me menaces pas du divorce, tu me brises le cœur ! »

    Alors il n’y eu plus qu’une seule importance, le duel de deux hommes, qui depuis longtemps se guettaient avec le désir d’en découdre. Ce fut un festival de dextérité et de souplesse, de stratégie et de courage de la part de Fye, de perfidie et de lâcheté du côté du Roi des Corbeaux. Droite, gauche, parade, feinte, série de coups et de pas toujours plus rapides, au point que leur vitesse échappait au regard de ceux qui les observaient. Fye n’avait pas besoin d’utiliser la magie. Trois , quatre… A la fin du menuet, son adversaire mordit le plancher de la salle de danse ! Fye fit une splendide révérence au Roi des Corbeaux, qui, furieux, tenta de se relever avant d’être remis à terre par la patte monstrueuse et la gueule écumante du Gluck !

     

    En se retournant au milieu de la pluie de flocons de neige qui chutait lentement dans l’air, Fye vit pour la première fois en trois jours une lueur satisfaite dans le regard de Kurogane.

    Pendant ce temps, de sauts en rebonds sur les multiples obstacles de la salle, Shaolan avait prit assez de vitesse pour s’élancer toujours plus haut en direction des deux jeunes filles évanescentes, toujours en lévitation dans les airs. Un bond, une impulsion, une seule volonté….

    Il parvint à agripper la Princesse d’un bras, Shirahime de l’autre, et à les ramener au sol doucement, sans dommages. La lumière étrange provenant de Shirahime s’estompa comme un pastel, mais la neige continua de chuter inlassablement dans la pièce. Sakura et Shirahime rouvrirent les yeux à la même seconde. Elles échangèrent un regard surpris et familier, puis se firent le même sourire éblouissant, comme si elles s’étaient connues depuis toujours, et tombèrent dans les bras l’une de l’autre, se serrant amicalement sous le regard estomaqué de Shaolan !

     

    « Tu es enfin venue me chercher… », murmura la fée des glaces d’une voix émue.

    Une voix tout à fait semblable à celle de Sakura lui répondit dans un cri désespéré, prononçant son nom :

     

    « … Shirahime !!!! »

     

    A l’entrée de la pièce se trouvaient Shuko, les deux célestes, les douze gardes inutiles qui constataient que le boulot était déjà fait … Mais il y avait aussi et surtout la Reine de Cristal, le double dimensionnel de Sakura, qui était apparue grâce à la magie dans un grand cercle sacré au sol, et qui, dès son entrée, se précipita vers la Princesse et la Fée.

    « Shirahime ! … Oh, Shirahime, lui dit-elle… Je n’avais pas comprit ce qui se produirait lorsque la petite Sakura arriverait… Oh ? je suis tellement désolée, Shirahime !  » , s’écria la jeune femme, éplorée, en échouant aux pieds de la fée.

    « Majesté… », murmurèrent Shaolan et la princesse Sakura d’une seule voix, saisis de la même émotion.

    « Vous n’avez pas à vous excuser auprès de moi, dit Shirahime en posant sa petite main blanche sur le visage de la Reine de Cristal. Je sais que tout ce que vous désiriez, c’était de me sauver la vie…

     

    - Mais… J’ai … Echoué… Et par ma faute tu as vécue recluse et sans cesse menacée… Oh, je ne pourrais jamais me pardonner, petite Shirahime… 

    Shirahime l’aida à se relever avec un sourire d’une profonde douceur et  d’une lueur angélique, véritablement bouleversant.

    « Comment pourrais-je vous en vouloir ? Sans vous, je serais déjà morte depuis cinq ans, et sans la plume… Jamais je n’aurais connu d’autres sentiments que la solitude… Cette plume… M’a permis de rencontrer des êtres merveilleux… », dit-elle en se tournant vers Fye et les deux Kurogane. Le petit Kuro Kun se détacha lentement des bras du grand, et Shirahime s’en approcha, s’agenouilla doucement devant lui.

     

    « Tu sais ce qui va se produire, maintenant ?

    - Oui, Maman Shirahime, tu me l’as expliqué plein de fois.

    - Et tu sais aussi ce qui va arriver après ?

    - Oui… Maman… Shirahime… », commença à murmurer l’enfant d’une toute petite voix. Shirahime le serra tendrement dans ses bras, tout contre son cœur, sous la pluie glacée de neige. 

    « Sache que je ne t’abandonnes pas. Je serais toujours là, quelque part, je veillerais sur toi… Toujours… Je veux que tu me promettes de rester toujours le garçon formidable que tu es… Et que ton grand cœur te porte… Pour qu’il puisse veiller sur les personnes que tu vas rencontrer et aimer…

    - Je te le promets, Shirahime… Je serais grand et fort… Et je protègerais le pays de Kurisutaru comme tu l’as toujours fait !

    - … Et… Ne déteste personne pour ce qui va arriver. Je suis heureuse de rendre cette plume à sa véritable propriétaire, qui est quelqu’un de bien, tu le sais…

    - Je suis content qu’elle te l’ais prêté pendant cinq ans… Parce que… Sans elle… Tu n’aurais jamais pu être ma Maman ! »Elle le serra plus fort dans ses bras, l’embrassa tendrement. En se relevant, elle fit face à Fye, qui avait parfaitement compris ce qui allait se produire. Le regard baissé derrière l’ombre de ses fines mèches blondes, le poing serré et tremblant d’émotion, lui aussi se contenait pour ne pas laisser éclater la douleur du sentiment amer qui le rongeait de l’intérieur . Shirahime effleura doucement son visage de sa petite main délicate :

    « D’autres choix douloureux t’attendent à l’avenir, lui dit-elle. D’autres épreuves, d’autres souffrances à surmonter… Bien plus terribles que celle-ci. »

    Fye ne répondit pas, et, tremblant, posa une main sur celle de Shirahime. Une larme coula le long de sa joue. Elle la lui essuya du bout des doigts.

    « J’espère… Vraiment… murmura la fée, tout aussi émue, que tu cesseras de fuir en vain et accepteras de te laisser rattraper. »

    Fye ne répondit toujours pas, sa main se crispant sur celle de la jeune fille dans une convulsion douloureuse. Elle se rapprocha encore de lui, l’enlaça tendrement quelques secondes, puis, comme une feuille touche à peine le sol d’un mouvement léger, embrassa tendrement sa joue, tout deux si semblables sous la pluie de neige. Gu2rit-on un jour lorsqu’on a goûté à la douceur de ce geste ? La douleur et l’émotion de Fye étaient si palpables que tous les témoins de cette scène en furent chamboulés. Enfin, elle se détacha de lui et se tourna vers le « grand » Kurogane, lui adressant un radieux sourire :

     

    « Ne changez rien, vous êtes parfait. »

    Il eu un demi sourire en coin :

    « En vérité, chuis pas fort en blondes… Mais vous êtes pas mal non plus. »

    Cette blague la fit bien rire, puis elle se rapprocha de son oreille :

     

    « Au fait, le secret qui nous lie Fye et moi, c’est… »

    En entendant la solution de l’éniglme, Kurogane devint pâle comme un cachet d’aspirine et ouvrit des yeux ronds comme des billes.

    « Ah là là, je ne vais plus en dormir ou en faire des cauchemars », grogna-t-il. Il fut un peu rassuré d’entendre Fye rire de sa réaction malgré ce qui allait arriver à Shirahime. Celle-ci serra encore une ultime fois le petit Kuro Kun dans ses bras, puis revint près de Shaolan et des deux Sakura , la Princesse du Royaume de Clow et la Reine de Cristal, toutes les deux en larmes.

    « Il est temps », leur dit-elle.

     

    La Reine de Cristal se précipita vers elle et la serra dans ses bras :

    « Tu es tellement courageuse et je suis si fière de toi, ma petite Shirahime… Pardonnes moi si j’ai été folle… De croire que je pourrais…

    - Je ne vous en ai jamais voulu et je ne vous en veux pas. Je vous le répète . Je vous remercie du don que vous m’avez fait. Vous m’avez donné la vie comme une seconde mère et je vous considère vraiment comme telle, ma Reine.

    - Tu es mon enfant de cœur… Tout comme je protègerais le tien. Je prendrais soin de ce jeune garçon et l’élèverais avec affection, je te le promets…

    - Je sais que je peux vous faire confiance et je vous remercie », affirma Shirahime en l’embrassant avec l’affection d’une fille pour sa mère. Enfin  elle se détacha de ses bras pour se tourner vers la plus jeune des deux Sakura :

     

    « Maintenant, je dois te rendre ta plume, Princesse. »

    Sakura posa sur elle des yeux plein de larmes. Toute son énergie combative avait fait place à une émotion violente, et un brutal sentiment de culpabilité :

    « N’y a –t-il vraiment rien que je ne puisse faire pour toi ? », demanda-t-elle.

    « Si. Fais moi ton plus beau sourire. Je ne veux pas que mon départ soit triste. La dernière image que je veux emporter dans mon voyage… Je veux que ce soit un magnifique sourire

    Shaolan n’y tint plus. Il se sentit soudain totalement impuissant et véritablement coupable d’un crime. Mais lui aussi, Shirahime le rassura par ses mots :

     

    « A vous aussi, je dois plus que la vie… Alors ne vous en voulez pas. »

    Elle tendit les mains en direction de Sakura :

    « Allons-y

     

    - Oui », dit-elle, s’obligeant à lui décerner son plus merveilleux et adorable sourire malgré les larmes qui coulaient sur ses joues.

    Les deux jeunes filles unirent enfin leurs mains, sous le spectacle rêveur de la pluie de neige, chutant en cascade sur leurs cheveux. Alors l’inévitable se produisit. A nouveau, un grand flash aveuglant, issu du plus profond de Shirahime, suivit d’un véritable tourbillon d’éclairs colorés, de pastilles irisées d’une lumière duveteuse, qui se mêlèrent aux flocons de neige veloutée et ayant redoublés d’intensité, s’enchevêtrèrent dans une fusion surnaturelle… Shirahime ouvrit grand les bras, ferma les yeux et eu un dernier sourire de délivrance, profondément serein et lumineux. Doucement , tout doucement, la plume virevolta hors de son cœur, apparaissant aux yeux de tous dans une aura féerique, comme suspendue dans les airs durant quelques secondes, et tout aussi légèrement, se dirigea vers Sakura, qui tendit les mains vers elle, la recueillit en lui murmurant un « Merci », ému. Elle la serra tendrement contre son cœur et doucement , doucement, la luminosité de la plume s’estompa en elle, jusqu’à y disparaître totalement. C’est alors qu’à la même seconde, les deux jeunes filles tombèrent à la renverse dans une parfaite symétrie, totalement inanimées. Shaolan se précipita et réceptionna doucement dans ses bras la Princesse Sakura, simplement endormie pour quelques heures. La Reine de Cristal recueillit dans les siens la Fée Shirahime. Endormie à tout jamais…

     

    Un long silence, comme un courant d’air qui traverse une plaine déserte, s’abattit sur les personnes présentes.

     

    Le petit Kuro Kun avait juré d’être fort. Il l’avait promit. Il se retint, se retint…

    Et tout à coup perça le silence par un grand cri suivit de sanglots et de larmes, comme tous les enfants du monde. Ses cris, en écho sur les voutes, déchirèrent les cœurs, qui l’un après l’autre, fondaient en larmes eux aussi.

    Kurogane serra la mâchoire, saisit son jeune double par le col et le cala dans ses bras, le plaquant contre son cœur. Il savait trop bien ce qu’il pouvait ressentir et ne l’incita pas à se retenir :

     

    « Vas-y pleures, pleures, donnes tout, tu as le droit… Tu ne dois pas laisser le chagrin obscurcir ton cœur… », lui chuchotait-il doucement. On allait encore le traiter de mère poule, mais il s’en fichait éperdument. En se tournant d’un côté il vit Shuko en pleurs, les Célestes en sanglots, les gardes en larmes, bref c’était le drame absolu, tout le monde était effondré. En se tournant de l’autre il fut plus inquiet en constatant que Fye ne pleurait pas et demeurait debout, dans une espèce d’état de choc, tremblant avec une expression lointaine dans le regard, et le teint devenu aussi glacial que l’averse de flocons immaculés qui chutaient encore et encore en se mêlant à la couleur de ses cheveux. Kurogane grogna en se disant que la nature aurait du lui faire trois bras, l’un pour consoler son jeune double, le deuxième pour porter Mokona, écroulé de chagrin lui aussi, et le troisième pour secouer le magicien en l’incitant à rester parmi les vivants…

    Seul Shaolan parvenait tout comme lui à dominer son émotion. Bien que profondément touché par la mort de Shirahime  dans son geste généreux envers Sakura, il n’avait pas connu assez longtemps la fée pour être aussi blessé que les autres de sa perte. Mais il ne pouvait rester indifférent au chagrin qui le cernait, et aux larmes de la Reine de Cristal, le double adulte de sa chère Sakura, sanglotant en agrippant et serrant en la berçant contre elle le corps de la petite Shirahime.

    « Tout est de ma faute… Ma faute… », ne cessait-elle de répéter, alors que, malgré que la plume ait été rendue à la Princesse, la neige qu’elle produisait, loin de s’apaiser, redoublait encore de violence. Shoalan n’osait pas demander à la Reine de Cristal pourquoi elle culpabilisait ainsi, mais elle devinait que la question lui brûlait les lèvres.

     

    « … Il y a cinq ans a eu lieu la plus grande bataille et la plus violente pour la conquête de la plume… murmura-t-elle enfin. Le Roi des Corbeaux était prêt à anéantir le peuple des Célestes dans ce but…

    - J’avais presque réussit ! », se vanta ce dernier avant d’être mis KO par un violent coup de patte du Gluck.

     La Reine de Cristal eu un soupir douloureux, tenta de dominer ses pleurs et continua son récit :

    « Je n’ai pas pu participer à cette bataille car j’attendais un enfant… Mon adorable petite fille qui m’attend en ce moment au palais… Mais mon époux n’a pas reculé. Il a protégé les Célestes et la Plume en se battant jusqu’au bout, seul face à l’armée entière du Roi des Corbeaux… Mais il a réussit… Seul, il est parvenu à les mettre en déroute… Il a … 

    Elle ne parvenait plus à soutenir le regard de Shaolan et redoubla de larmes :

    « … Il a disparu au cours de cette bataille… Et l’on a simplement retrouvé son corps… Près de la petite Shirahime. Il avait tenté de la défendre… Sans doute lui faisait-elle penser à la petite fille que nous allions avoir… Mais lorsqu’on les a retrouvés elle aussi était sur le point de mourir… Et personne ne parvenait à guérir ses plaies. 

    Elle secoua la tête :

    « J’ai fais ce que je pensais juste.  Je pensais que la plume avait le pouvoir de rendre la vie par sa puissance. Je ne voulais pas voir mourir une petite fille innocente, quand tant de personnes avaient déjà perdu la vie. Je ne voulais pas que mon mari ait donné la sienne en vain. Je voulais gagner contre la mort. J’ai été folle ! »

    Elle serra Shirahime plus étroitement contre elle, pleurant encore et encore sur sa dépouille, sous la pluie sans fin de neige.

    « Oh, pardonnes moi, petite Shirahime ! Par ce geste, je t’ai condamnée à la solitude et aux combats… Et je n’ai fais que reculer l’instant de ta mort jusqu’à aujourd’hui ! Je voulais tellement te sauver que je t’ai tué ! Tout est de ma faute… Je.. J’ai échoué !

    - C’est faux, Majesté !!!! »

    Toute la salle sursauta à cette affirmation de Shaolan. La Reine de Cristal ouvrit des yeux ébahis tandis qu’il continuait son rappel à l’ordre :

    « Vous êtes le double de la Princesse Sakura et partagez la même âme qu’elle. Et jamais la Sakura que je connais ne commettrait sciemment le mal ou tuerait volontairement une personne. La seule chose que vous avez souhaité, Majesté, c’est protéger tout le monde, comme toujours ; Protéger Shirahime, protéger les Célestes, vos sujets, le Royaume de Kurisutaru et votre petite fille. Vous ne pouviez pas imaginer les conséquences en voulant sauver une enfant par la magie de la plume. Vous n’avez pas échoué. Shirahime vous l’a dit, vous lui avez permis de vivre un peu plus longtemps et elle a été heureuse.  Elle vous en a remercié. Elle aussi ne désirait que votre bonheur. Aussi, je vous en pries, cessez de culpabiliser. Vous n’êtes pas responsable de tous les malheurs qui ont frappé Kurisutaru. Une nouvelle ère commence pour ce pays, et il a besoin de vous. Libérez votre cœur de ce qui le torture et faites votre plus beau sourire à Shirahime. Car c’était là son seul et dernier souhait. »

     

    Suite à ce sermon, un nouveau frisson, chaleureux cette fois, parcouru la salle. Comme un rayon de soleil qui lacère des ténèbres glacées…

     

    La Reine de Cristal ferma les yeux et eu un soupir rassuré :

    « Ainsi donc… Ce garçon étrange avait raison… Tu ne m’as jamais abandonnée, Shaolan… »

    Ce dernier sursauta en comprenant enfin… Il posa un regard tendre sur la Princesse endormie entre ses bras.

     

    « Jamais. Quoi qu’il m’en coûte.

    - … Même ta vie ?, demanda la Reine de Cristal.

    - Et bien au-delà, répondit-il sans hésitation.

    - Au-delà ?... Oh, il doit être bien fâché de mes bêtises.

    - Non. Il ne pourra jamais vous en vouloir. Pas à vous. Mais… Il doit être très inquiet.

     

    - Il faut que je le rassure, alors… »

    Elle leva les yeux vers le ciel, soupirant entre ses larmes :

    « Tout ira bien pour moi. Ne t’inquiètes plus. Et prend bien soin… De notre petite Shirahime. 

    A peine avait-elle prononcé ces mots que l’incroyable se produisit : pour la première fois en cinq ans, la neige cessa de tomber !!!!

    Mieux encore elle s’effaça, disparut petit à petit dans un grand éclat de lumière sublime.

     

    Soudain, le corps de Shirahime fut à nouveau soulevé de terre. Shaolan et la Reine de Cristal tentèrent en vain de la rattraper.  Fye se précipita sans plus de succès. Le petit Kuro Kun cessa de pleurer pour observer comme les autres un spectacle fabuleux : là-haut, tout là-haut le corps de Shirahime s’enveloppa doucement de lumière, comme si l’on tissait tout autour d’elle la fine toile d’un cocon… Non, d’une chrysalide ! Les Célestes furent les premières à comprendre et poussèrent des cris de joie. Le corps disparu quelques secondes dans sa toile et là, dans une ultime féérie, le plus magique et inattendu des retournements de situation eu lieu.

     

    La chrysalide s’ouvrit en deux et il apparut aux yeux de tous…

    Un enfant nouveau-né, poussant son premier cri à la face de l’univers…

    Et qui lentement, lentement, atterrit entre les bras de la Reine de Cristal.

     

    « Une petite fille… », murmura-t-elle dans un souffle, pleurant cette fois des larmes de joie.

    Comme toutes les Célestes, Shirahime venait de de réincarner.

    Le cœur entier de la salle fut soulevé par un bonheur intense. Mais Fye demeurait assombrit par une douleur que seul Kurogane pouvait comprendre, la fée des glaces lui ayant confié leur secret avant de s’en aller…

    « Dans mon pays, le Japon, dit-il, on considère la réincarnation comme un parchemin redevenu vierge et sur lequel on doit réécrire toute une vie… C’est pourquoi la personne réincarnée reçoit un nouveau nom…

     Un nouveau nom pour débuter sous les meilleurs auspices… Une nouvelle vie. »

    Fye lui adressa un sourire sincère et plein de reconnaissance. LE PETIT Kuro Kun, redevenu tout joyeux avec un Mokona tout aussi hilare accroché à ses cheveux, se précipita vers la Reine de Cristal et la petite fille nouveau-née :

    « Dans ce cas moi je sais quel nom il faut donner à la réincarnation de Shirahime ! Moi je sais !!!! »

    (roulements de tambour)

    « Désormais son nom sera Hikaru ojôsama ! La Princesse de la lumière !!!! »

    La proposition fit l’unanimité autour de lui.

    «  Ah bah finalement, j’y aurais participé indirectement, à ce jeu idiot… maugréa  le grand Kurogane.

    - T’es qu’un vieux ringard !!!! lui répliqua le petit.

    - QUOI ?! »

    Fye eu un sourire étrange.

    « Oui… Elle aurait adoré se cacher derrière ce nom. »

     

    CHAPITRE 19 : Tu n’es pas seul 

     

    Shuko berçait tendrement la petite Hikaru à la lueur des étoiles. Lorsque la Reine de Cristal le lui permettait, c’est elle qui s’occupait des enfants. Et elle les aimait tellement ! Elle était tellement heureuse avec eux ! Elle aimait ces instants où elle avait dans les bras une adorable petite fille. Et il lui semblait entendre le rire de la sienne…

    Le petit Kuro Kun observait sa nouvelle chambre, dans ce vaste et grand palais, avec appréhension. A vrai dire, il se sentait un peu seul. Hikaru n’était encore qu’un bébé, et Kurogane était repartit avec ses quatre compagnons de voyage…

    « Restes, s’il te plait ! , avait crié Kuro Kun en s’accrochant à lui de ses petits bras affectueux.

    - Je ne peux pas… Moi aussi j’ai promis de protéger mon pays, le Japon… Et de parvenir à y retourner.

    - Est-ce que tu reviendras ?

    - Je ne sais pas… Mais si cela arrivait… 

    Il lui avait posé une main sur la tête, ébouriffant ses cheveux, mi moqueur, mi tendre :

    « J’espère que je ne serais pas déçu par tes progrès, lorsque tu m’affronteras autrement que par les mots !

    - Promis ! Je serais grand comme toi !... Et je serais fort, comme toi !... Mais il y a toujours une chose que j’aurais de plus que toi !

    - Vraiment ? 

    - Ouais ! Moi, j’aurais toujours PLUS DE CLASSE ! » s’était vanté le marmot.

    Kurogane s’en était allé en tentant de dissimuler qu’il était intérieurement écroulé de rire.

    « … Et en attendant chuis tout seul… » , soupira Kuro Kun.  Il sursauta en entendant un bruit dans son dos et fit volte-face.

    A l’entrée de sa chambre se tenait la plus jolie des petites filles qu’il eu jamais vu. Elle avait son âge, des yeux doux et malicieux,, un sourire délicieux, une sublime chevelure lisse et soyeuse d’un ébène intense, et d’elle semblait émaner une aura apaisante, féerique, semblable à un ange tombé du ciel pour l’encourager par sa seule présence. Elle eu un petit rire devant son silence éblouit :

    « Coucou ! Ma Maman m’a dit que tu allais vivre avec nous, maintenant. Je suis très contente d’avoir enfin quelqu’un à qui parler dans ce grand palais… Je me sentais un peu seule, tu sais… Ah ! Je m’appelle Tomoyo, et toi ? 

    Le garçon rougit jusqu’à la racine des cheveux. Il allait lui répondre lorsque de grands cris leur provint de l’extérieur. Ils se précipitèrent à la fenêtre. Avec la fonte des neiges, les créatures féroces avaient fuit le désert pour se rapprocher des habitations. Le jeune garçon dégaina son double katana en un éclair.

    « Où vas-tu ?!, demanda le petite princesse Tomoyo.

    - Tenir une promesse », dit-il de son ton le plus calme et volontaire.

     Tomoyo ne contesta pas. Elle l’encouragea même de son plus adorable sourire.

    « Je comprends. Sois prudent ! »

    Dans une raie de lumière, katana sur l’épaule, le jeune guerrier la regarda avec confiance. Il se sentait soudain bien plus grand et bien plus fort.

     

    « Moi… C’est Kurogane. »

     

    La bataille qui se jouait était intense. Kurogane passa à l’attaque, concentré sur chacun de ses mouvements, gardant en tête chaque conseil de son double adulte et de Shirahime. Sa lame était plus sûre, les créatures tombaient une à une. Il l’aurait trouvé logique si d’autres qu’il n’avait pas encore touchées n’étaient tombées aussi. Soudain , un éclair bleu lui passe sous le nez. Il se retourne, cherche à comprendre, et n’en croit pas ses yeux. A quelques pas de lui se trouve un autre enfant de son âge. Il a les cheveux blonds et le regard bleu azur des Célestes, avec un drôle de sourire sur son petit visage délicat. Il est là sans être là, se bat sans ayant vraiment l’air de se battre, évoluant et se mouvant entre ses adversaires comme dans une branche légère, comme un petit oiseau luttant contre le vent entre deux battements d’ailes. On ne sait pas s’il s’ennuie ou s’il joue. Ni pourquoi il se bat, ni ce qu’il pense. Il est tout simplement LA … Et déstabilisent.

    Kurogane le reconnaît immédiatement, malgré les années de moins.

     

    « Fye » , murmure-t-il.

    A ce nom, l’autre garçon se retourne. Impossible de savoir pourquoi son regard se fait plus étrange, et son sourire plus tendre. Peut-être qu’il le reconnaît lui aussi, sans même l’avoir jamais rencontré, ni son double. Ou peut-être pas. Il y a parfois des évènements qui ne s’expliquent pas.

    Et des rencontres inéluctables….

     

    Enfin, le pays de Kurisutaru était unifié, sous la protection de la Reine de Cristal. Les Célestes n’auraient plus jamais à craindre le Roi des Corbeaux, jugé pour ses crimes. Les trois peuples vivaient désormais en parfaite harmonie. La neige avait disparue petit à petit et le printemps était revenu. La nature se réveillait, respirait, et tous les arbres étaient en fleurs. Au sommet d’une colline verdoyante, au pied d’un cerisier, le Gluck mâchouillait  allégrement des carrés de pelouse. Près de lui était assise la Reine de Cristal, qui tenait entre ses bras la petite Hikaru, souriant en babillant alors que les premières mèches blondes encadraient son joli petit minois, et regardait, un peu plus loin, sa petite Tomoyo riant aux éclats devant le spectacle d’un Mini Kuro furieux poursuivant un Mini Fye farceur. Pour la première fois depuis longtemps, Sakura ressentit une profonde sérénité, et cette émotion étrange, fugace et éphémère, que l’on appelle le BONHEUR.

    « Nous sommes enfin tous réunis, murmura-t-elle… Notre famille est réunie sous ce merveilleux cerisier en fleurs, Shaolan… 

    Par delà la réalité, un vent étrange agita les branches de l’arbre et la couvrit des fins pétales de fleurs qui portaient son nom.

    « … Tout va bien, mon Amour… », répondit une voix familière dans un écho mystique.

     

    Dans un autre monde, ce n’était pas encore le printemps mais Noël. Une fête des plus arrosée et incongrue régnait au temple, c’est toujours ce qui arrive quand on invite le Dieu de la foudre ou la petite fée de la pluie en leur réclamant d’apporter des caisses de saké.

    D’une humeur bien détendue par l’alcool de riz, Watanuki, heureux et rond comme une queue de pelle, n’avait jamais été aussi jovial, lançant à qui mieux mieux serpentins et cotillons en criant à tout bout de champs :

    « Joyeux Noël !!!! Joyeux Noêl !!!! »

    Arrivé devant Domeki, le moteur toussa un peu :

    « J … J… Joyeuuuuuuuuuh… Nooooooeleuh… se força –t-il à articuler.

    -  Idem », répliqua sobrement Domeki.

    Watanuki tituba en faisant un tour sur lui-même :

    « Oh, mais, ooooh !!!! »

     

    Dans la mystérieuse sphère posée sur le meuble, la neige avait cessé de tomber et le globe avait disparu !

    « Mais où kil est, hic ? », s’interrogea Watanuki à travers sa brumeuse lucidité noyée dans des vapeurs d’alcool.

    « Ah !, s’exclama Yuko en surgissant, hilare, à ses côtés. Ton mandat de maître du monde a expiré !

    -  Bah pourkoi ?

    - Si tu ne peux plus le voir, c’est que la fenêtre s’est refermée. L’énergie qui la maintenait ouverte était la même que celle que produisait la neige. Toutes les deux ont cessé grâce à ton intervention… Et quand ILS ONT TROUVE LA PLUME …

     

    - Ah woui ?! »

    Watanuki s’empara de la sphère vide et gueula dessus, comme si quelqu’un pouvait l’entendre :

    « Joyeux Noël, Shaolan !!!! TU ES MON HE… ROOOO ! »

    Et le voilà qui repart tout heureux et plein comme une outre, prêt à rouler sous la table avec son trophée.

    « Faudrait pas que cet abruti tombe dans le puits », murmure Domeki en lui emboîtant le pas.

    Yuko a un petit rire et regarde le liquide au fond de son verre à saké :

    « Tu n’as jamais réussit à bien tenir l’alcool, mon cher Watanuki…

    - Toi non plus, parait-il, dans ta lointaine jeunesse… lui répond une image apparue dans le reflet du liquide.

    - Petit insolent ! »

    Une connexion dimensionnelle vient de se produire, et celui avec lequel Yuko est en conversation, c’est le Watanuki d’un autre monde. Plus âgé d’une dizaine d’années, il émane de lui cette aura de calme, de lumière, de sérénité, de force tranquille, qui distingue les êtres exceptionnels des autres hommes. Des garçons d’un tel charisme et aux pouvoirs d’une telle puissance, Yuko n’en a pas croisé beaucoup dans sa carrière…

     

    Subaru Sumeragi…

    Lelouch Lamperouge…

    CLOW.

     

    « Je suppose que tu sais pourquoi je t’ai contacté ?, demanda-t-elle au Watanuki adulte.

    - Oui… On m’a raconté les progrès de mon jeune double.

    - Et tu n’y est pour rien, n’est-ce pas ? De tous les autres, toi seul a assez d’expérience  pour être intervenu à travers son corps…

    - Ce n’était pas moi, je t’assure… J’ai dû m’occuper de trois adolescentes qui avaient disparues à la tour de Tokyo. Cephiro n’y était pour rien et les Imonoyama avaient mis le paquet sur l’affaire…. Ils avaient même engagé l’acrobate… Pourtant… Là où elles se trouvaient, je ne pouvais les retrouver que par les méthodes que tu m’avais conseillé… Merci beaucoup, Yuko.

    - Ainsi donc, il a agit seul… Ah,  Watanuki , tu ne pourras pas toujours sauver tout le monde, tu sais ? Et tu auras des regrets…

    - Mon seul regret est de t’avoir rencontré trop tard. Ce jeune Watanuki, par contre, ne réalise même pas sa chance de t’avoir eu à ses côtés dès le départ.

    - Arrèèèètes donc la galanterie, je vais te suspecter de vouloir me soutirer quelque chose sans avoir à en payer  la facture, jeune  escroc !

    - OOOOH ! Et QUI m’a pervertit ainsi ?

    - QUI est plus puissant que toi ? 

     

    Il eu un sourire charmant :

    « Oui, tu es toujours la plus forte. J’ai bien quelque chose à te demander…

    - Je sens venir l’arnaque. Il y a longtemps que tu n’as plus besoin de formuler des vœux chez moi.

    - Ce n’est pas un vœu, mais une confidence.

    - Le traître qui m’attaque par les sentiments ! Tu le sais que j’adore les secrets ! Je t’écoute…

    - Ne tentes rien d’impossible, Yuko. Je ne veux pas que ce soit la plus redoutable commerçante de l’univers qui ait à payer le plus lourd tribut…, dit-il de son ton aussi touchant que mystérieux.

    - Vraiment ? En fait, tu es toujours aussi insolent, et tu te moques de moi. Pour la peine et en compensation, je prendrais… Ces délicieux gâteaux de Noël que je vois sur la table derrière toi !

    - Joyeux Noël, grande gourmande !

    -  Joyeux Noël, IDIOT !!!! », Dit-elle en s’emparant de son larcin et coupant net la communication dimensionnelle.

    « Les enfants, ça ne devrait jamais grandir », dit-elle, un peu déstabilisée en dévorant à pleines les gâteaux, aidée de l’appétit féroce du Mokona black l’ayant rejoint !

     

    « Qui était-ce ?, demanda une voix dans le dos du Watanuki adulte.

    - Notre charmante sorcière sous ses plus beaux atours…

    - Yuko ?... Mais ! J’avais posé tes gâteaux sur la table, là !

    - Elle reviendra sûrement m’en réclamer une autre fournée, dit-il en souriant et revêtant un tablier de cuisine. Elle est accro…

    - C’est quoi ce deal de gâteau suspect entre vous deux, là ?

    - Pas de jalousie ! Il y aura des gâteaux pour tout le monde !

    - Ah ! je me fiche bien des gâteaux ! »

    La personne se précipite vers Watanuki, et  l’enlaçe tendrement.

    « C’est toi que je ne veux pas partager ! »

    Watanuki a un sourire radieux et lui chuchote à l’oreille : 

    « Joyeux Noël… »

    Le nom de la personne qui partage ce Noël et sa vie se perd dans un baiser…

     

    Dans un autre monde, c’ était aussi Noël.

    Pas de plume ni de conflit à l’horizon, et Mokona avait réclamé une pause de quelques jours pour recharger ses batteries. Comme ils avaient atterris près d’un casino, il avait suffit à Sakura et sa chance inouïe de baisser deux ou trois leviers pour qu’ils gagnent de quoi vivre des vacances inoubliables. Et Mokona avait émis une exigence : ils devaient ABSOLUMENT fêter Noël, et comme pas un de ses compagnons de voyage n’avait entendu parler de cette curieuse tradition occidentale, il leur fit un cours accéléré, ponctué des remarques grincheuses de Kurogane. Sakura , Shaolan et Fye se montrant plus enthousiastes, Mokona décida d’un petit jeu, et de tirer au sort le nom des voyageurs, et à qui ils devraient offrir un cadeau.

    « Alors, attention… Fye devra offrir un cadeau à … Mokona !

    - Tu es sûr de l’honnêteté du tirage , Mokona ?

    - Mais oui !!!!  Alors… Mokona devra offrir un cadeau à … Sakura !

    - Merci beaucoup, Moko Chan !

    - De rien Princesse ! Notre Sakura devra offrir un cadeau à … Ouhou comme c’est mignon… Shaolan !

    - Mais … Moko… tenta de contester le garçon en virant pivoine.

    - La suite logique : Shaolan devra offrir un cadeau à Kurogane…

    - Franchement y’a pas besoin, maugréa le ninja.

    - T’as raison ! Tu le mérites pas ! Et donc, Kurogane devra offrir un cadeau à … FYE !!!! WAHAHAHABEUWAHAHA !

    - HEIN ?! QUOI ?! Non mais ça va pas ?! Et pourquoi je devrais lui offrir un cadeau, hein, pourquoi ?!

    - Parce que c’est la magie de Noël, woupiiii !

    - La magie que je vais t’encastrer dans le mur, face de pancake !!!! »

     

    Finalement, comme ils avaient plus d’argent qu’ils ne pourraient en dépenser dans d’autres mondes, ils se firent la razzia du siècle dans les magasins et il y eu une pluie de cadeaux pour tout le monde. La petite princesse fut particulièrement gâtée par ses quatre chevaliers servants : ce fut le concours de celui qui lui offrirait la plus belle robe, le plus joli bijou, le plus gros bouquet ou les meilleurs chocolats. Mais seul Mokona avait retenu la leçon de la crise identitaire et révolutionnaire du garçon manqué en mal d’action qui sommeillait sous le sourire de la ravissante jeune fille. Il lui dégaina une paire de rollers flambant neufs qu’elle ne tarda pas à chausser pour tourbillonner comme une furie dans la  pièce, poursuivie par un Shaolan aux abois !

     

    « Attention Princesse !!!! »

    Lui non plus, ses pères Noëls ne l’avaient pas oublié, ayant reçu une jolie moisson de livres anciens et d’objets archéologiques à explorer… Mais est-ce que ça valait le plus beau cadeau entre tous, tricoté par les mains de Sakura elle-même ?

     

    « C’est pas bientôt finit, les gamins ? Je vais me fâcher !!!! »

    Hormis le nouvel exemplaire de son shônen préféré, les cadeaux de Kurogane appartenaient au rayon farce et attrapes, sur une traître idée de Mokona. Ah bah, c’est pas plus mal comme ça, il pouvait lui balancer des bombes à eau et serpentins piégés dans la figure sans passer pour une brute … Heu… Du moins essayer…

    « Relax ,  take it easyyyy ! », chanta la boule de poils en rebondissant partout comme un grand malade dans la pièce. Tout le monde ayant eu la même idée lumineuse de lui offrir une caisse de saké, soit au total 80 bouteilles, dont il s’était copieusement imbibé avant d’arroser le verre des autres, et ce fut rapidement le cirque ^pinder au milieu du salon de la maison de location !

     

    Fye fut l’agitateur le plus actif au remue-ménage, tapant tellement sur le système nerveux de Kurogane qu’il évita à moult reprises les farces et attrapes  vengeresses du ninja, et ses coups de pelle à tarte en guise de katana. Pourtant, Fye finit par s’isoler, sortant seul sur les marches de la maison au-dehors, une bouteille à la main. Il entendait la musique, les rires, les chants, les cris et les… miaulements de ses camarades, se mêlant aux autres bruits de fête provenant de toutes parts dans le quartier.

    Il s’assit au bas de la dernière marche glacée, desserra la cravate de son costume élégant, et respira l’air frais de la nuit. La guirlande électrique du sapin de Noël  clignotait près de la vitre près de lui, et il lui sembla que le ciel d’encre noire et constellé d’étoiles, au-dessus de sa tête, clignotait aussi. La lune était parfaitement ronde et pleine, comme les gâteaux que Sakura Chan et lui avaient cuisinés pour le délicieux banquet qu’ils avaient partagés tous les cinq… (D’où la pelle à tarte !) Une ronde et blanche, douce comme un visage souriant…

    « Shirahime Chan… », murmura-t-il avec une fêlure au cœur.

     

    Non. C’était Hikaru désormais, une enfant qui l’avait totalement oublié…

    Non. Ce n’était PAS un chagrin d’amour.

    Ni cette douleur que l’on ressent lorsqu’on perd un membre de sa famille, sa petite sœur par exemple.

    Est-ce qu’il y avait un mot pour exprimer… ?

    Il revoyait l’instant de vérité, quand, insouciante, elle s’était penchée à l’oreille de Kurogane, et lui avait chuchoté à l’oreille :

     

    « Le secret qui nous lie Fye et moi, c’est…

    QUE NOUS PARTAGEONS LA MEME AME . »

     

    Le magicien avait déjà entendu parler de cela. Des êtres qui ne sont PAS la même personne, des êtres totalement différents mais pourtant symétriquement semblables et complémentaires… Comme des jumeaux… Des jumeaux cosmiques… Et qui partagent la même âme.

    Alors… Quel est le terme pour exprimer ce que l’on ressent lorsqu’on a vu mourir la personne qui vous ressemble le plus dans l’univers, comme une partie de soi-même ?

    … Quand on S’EST VU mourir ?

    … Il avait pourtant déjà éprouvé cette même sensation une autre fois par le passé, mais Shirahime avait raison, où qu’il fuit, toujours il serait rattrapé par ses démons…

    Il avala encore une gorgée, noyant les larmes qu’il retenait dans un autre liquide.

     

    Il sursauta en touchant du bout des doigts un petit objet dans la poche de son costume. Les enfants l’avaient particulièrement gâté, partant du principe que « Mr Fye est un garçon très élégant » , il avait eu la parfaite panoplie du gentleman romantique qui fait rêver les filles dans les Shojos. Il ne lui manquait plus que la rose et il pourrait remplacer l’homme masqué dans « saïlor moon », se dit-il en riant.

    Mais il avait été réellement surpris, lorsque entre deux passages en cuisine pour aller chercher des plats ou la fameuse pelle à tarte, Kurogane lui avait balancé un petit objet emballé grossièrement dans du papier en lui grognant d’un air indifférent :

    « Ne me demandes pas d’explications… J’ai trouvé ça dans une boutique… »

     

    Il lui avait bien offert un cadeau, finalement… 

    Il eu un sourire tendre, hésitant à défroisser le papier.

    En vérité, il redoutait un peu ce qu’il allait découvrir derrière son secret…

     

    Doucement, le papier  glissa dans un bruissement léger. Fye ouvrit de grands yeux surpris.

     

    Il tenait dans ses mains une toute petite boule à neige, à l’intérieur de laquelle se trouvaient cinq petites figurines en plastique de 4 cm de haut, dans un style manga super déformé, cinq petites figurines qui étaient…

    LE PORTRAIT CRACHE DE SES COMPAGNONS ET LUI-MEME !!!!

     

    Fye était tellement hébété de surprise qu’il ne remarqua pas immédiatement que Kurogane avait gravé quelque chose, à coups de lame certains, sur le socle de l’objet. Comme il devait se douter que Fye ne parviendrait pas à traduire seul sa langue natale, il lui avait glissé avec l’objet un exemplaire du lexique établit par Shaolan.

     

    Fye commença à reconstituer la phrase en butant sur les syllabes, comme un enfant qui apprend à lire.

    « Tuuuu… N’eeeees…. »

    Et soudain, il comprit en une évidence le message, gravé dans le style bien particulier au ninja :

     

    « TU N’ES PAS SEUL DANS TA BULLE, IDIOT !!!! »

     

    Fye se sentit envahit par une émotion incontrôlable. Il serra la petite boule à neige contre son cœur, serra la mâchoire pour ne pas céder aux larmes… De joie, qui lui montaient aux yeux…

     

    « Fye est content de son cadeau », chantonna la petite voix acidulée de Mokona.

    Ce dernier sursauta, et en se retournant, vit ses quatre compagnons de voyage se tenant sur le seuil de la maison, en haut des marches.

     

    « C’est… Que… Je… », bafouilla Fye, vraiment déstabilisé pour une fois.

    « GROS CALIN !!!! », coupa Mokona d’un ordre joyeux.

     

    A ce signal, Sakura, Shaolan et lui, tout aussi « sakéifiés » les uns que les autres, se jetèrent sur Fye en le serrant dans leurs bras, criant joyeusement et avec affection :

    « GROS CALIN ! GROS CALIN ! GROS CALIN ! GROS CALIN ! 

    Fye ne su plus quoi dire ni quoi faire, submergé dans une vague par les trois petits envahisseurs pleins de tendresse.

     

    « Vous êtes vraiment ivres morts », dit-il finalement en riant joyeusement, en refermant ses bras sur eux trois avec douceur et reconnaissance.

    « Ouais, grogna Kurogane depuis le seuil d’où il n’avait pas bougé, bras croisés, et moi, les alcoolos notoires, je les envoie cuver leur vin. 

    Il arborait, par-dessus son smoking noir, un superbe tablier que les « enfants » lui avaient offert, avec imprimé dessus un poussin jaune et écrit en gros : « Meilleur papa de l’univers ».

    Les trois « petits », toujours pendus au cou de Fye, rirent encore plus fort devant cette scène, et Fye lui-même n’était pas loin d’en rouler par terre.

     

    « Ah, j’vous jure, y’en a pas un pour montrer l’exemple aux autres », grogna Kurogane en agrippant Fye par la manche et l’attirant dans sa direction, histoire de tous les prendre dans ses bras d’un coup sans en avoir l’air :

    « Allez, au lit tout le monde ! Sinon vous roulerez comme des barriques quand il faudra voyager !

    - OOOOH !

    - NOOOON !

    - Pas déjàààà !

    - Encore cinq minutes, Kuro Papa !

    - On ne négocie pas avec moi, bande de pochtrons ! Et Mokona, lâches cette bouteille !!!! »

     

    Dans la petite sphère, demeurée seule sur la dernière marche de la maison, la neige continua de tourbillonner autour des cinq personnages.

    Il pouvait se lire, au-dessous d’un message d’amitié, cinq lettres majuscules gravées en capitales :

    CLAMP ©

     

    FIN


  • Tu n'es pas seul by Cycy la vache de l'espace

    CHAPITRE 16 : Le messager

     

    « Ah ! C’était donc pour ça, hein ?! L’infâme peste machiavélique ! »

    Et autres adjectifs qualificatifs vociférés par Watanuki au sujet de sa redoutable patronne. Toutes ces décorations, ces fanfreluches, ces mystères… Tout n’avait qu’un seul but : Yuko avait décidé de fêter Noël au temple de Domeki. Comme ça. Parce que. Sans demander l’avis des autres, et surtout en leur imposant ses décisions, du style :

    « Watanuki, grimpes à cette échelle et accroches moi ces décorations, et que ça saute ! 

     

    Mais bien sûr, Yuko…

    « NOEL, c’est même pas une fête JAPONAISE !!!!, hurla-t-il, fou de rage, depuis son perchoir. Je le fête JAMAIS, Noël, MOI !!!! Alors pourquoi c’est à MOI de décorer ce temple, alors que j’y serais MEME PAS à cette fête ?!

    - Oh que si, tu y seras, car c’est toi qui fais la cuisine !

    - J’veux bien vous faire la cuisine mais après JE ME BARRE !

    - Mmmmm… Je sens qu’une copieuse retenue sur le salaire de quelqu’un… 

    Watanuki vacilla en panique puissance 10 sur son échelle. Yuko eu un charmant petit rire en revêtant son élégant manteau.

    « J’ai rendez-vous à la boutique alors travailles bien jusqu’à mon retour… ESCLAVE ! 

    Watanuki ne cessa de glapir son mécontentement et don désespoir jusqu’à ce qu’elle fut loin.

     

    « En plus, Noël, c’est une fête familiale », ajouta Watanuki d’une voix à peine audible, avec un regard lointain… Il frémit en devinant que Domeki, s’affairant lui aussi au bas de l’échelle, l’avait entendu, et gêné, Watanuki repassa en mode « JE GUEULE DONC JE SUIS » pour détourner le sujet.

    « … Et tu pouvais pas refuser quand Yuko a décidé de s’incruster chez toi, hein ?

    - Bah non.

    - Bah, je m’en doutais !!!! »

    Watanuki continua de batailler avec les décorations : « Ah, j’vous jure ! 

    Descendit rageusement de son échelle. « Toujours la même galère ! 

    Continua de grommeler quand Mokona black bondit devant lui avec une guirlande. 3Ils s’entendent bien pour manipul… »

     

    Il tomba en arrêt devant la boule à neige, posée sur un meuble. En la regardant, il se sentait envahit d’un sentiment étrange et de plus en plus palpable, puissant, d’une émotion mystérieuse, d’un sentiment qui…

    « Hé… », dit Domeki en se postant à ses côtés.

    « Elle est triste… », murmura Watanuki d’une voix étonnement calme de sa part, le regard perdu sur la sphère et ses ellipses mystiques, perdu au-delà de cette réalité, perdu encore et encore plus loin… A nouveau, comme plusieurs jours auparavant, il semblait totalement hypnotisé par des sensations et une vision qu’il était seul à percevoir, totalement plongé dans un état second.

    « Pourquoi est-elle triste ? », demanda Domeki, tentant de maîtriser la situation en conservant une connexion entre le monde réel et Watanuki.

    « Parce qu’elle pense qu’il n’est plus là…

    - Qui ?

    - Celui qui la protège… Et la guidait de ses conseils… 

     

    Watanuki eu un regard plus lointain encore… Une lumière étrange sembla provenir de lui, du plus profond de son âme, comme une aura enfouie qui se révélait, éclatait au grand jour. Au même instant, la sphère devint tout aussi lumineuse, comme si elle l’appelait dans un écho mystique. Domeki comprit que la situation évoluait et agrippa l’épaule de Watanuki :

    « Il faut que je lui dise… », murmura ce dernier, la voix aux intonations toujours aussi douces et posées, à peine chuchotée. Il le va une main vers la sphère, avança d’un pas. Domeki se dit que là, il fallait plus que garder le contact par les mots, et tenta de le retenir.

    « Il faut que je lui dise… », répéta Watanuki comme un automate, avec un sourire énigmatique… Inconnu. Au fond, était-ce toujours LUI qui habitait ce corps ?

    « Ne crains rien, Domeki, ajouta-t-il soudain, à sa plus profonde surprise tant ce genre de phrases était impossible de sa part. Je reviens tout de suite, je te le promets… 

    Domeki relâcha sa prise car il su qu’il pouvait lui faire confiance. Oui, Watanuki était différent, bien que connecté avec un ailleurs indéfinissable, jamais il n’avait parut aussi calme, aussi radieux, aussi maître de lui-même et d’une situation. En s’avançant encore plus près de la sphère, il provoqua de nouvelles étincelles de lumière, et dans un flash luminescent, presque aveuglant, un cercle sacré apparut au sol, tout autour de lui et de l’objet, un cercle gravé de symboles et de runes énigmatiques… Cela n’avait rien à voir avec une connexion dimensionnelle telles que celles produites par la magie de Yuko, là il s’agissait plutôt d’une magie provenant de la sphère  en direction de Watanuki, qui y disparut progressivement, mais à la dernière seconde, juste avant de s’effacer dans les limbes de l’infini, il lui adressa le plus invraisemblable, le plus inattendu et le plus …  Gentleman des sourires qu’il lui eu jamais vu ! Non, ce n’était pas vraiment « lui », c’était…

     

    Trop de paix, trop de luminosité, trop de maturité, c’était…

    C’était comme s’il venait de rencontrer un Watanuki ADULTE, surgit d’on ne sait où…

    Celui qui vraissemblablement pouvait être…

    « … Maître d’un monde » , murmura Dômeki.

     

    Une jeune femme au regard  triste scrutait depuis son balcon le vaste paysage enneigé. Chaque jour, chaque heure, chaque seconde, depuis ce matin-là était empreint d’une laconique mélancolie.

    Tout à coup, la connexion entre deux mondes se produit, la lacération, la distorsion… Là, sur le balcon, apparut de nulle part, se tient un tout jeune homme, un inconnu en costume sombre, aux traits fins et au sourire tendre…

    La jeune femme n’est pas surprise par la connexion dimensionnelle mais par la présence de ce garçon, qu’elle n’a jamais rencontré auparavant… Mais a une vague ressemblance avec un membre de sa famille…

     

    « GRAND PERE KIMIHIRO ?!, s’étonne-t-elle.

    - Désolé, je suis une autre personne, dit-il en s’inclinant poliment. J’ai… Un message à vous transmettre.

    - Je vois… murmure la jeune femme. Je vous écoute. »

    Le garçon se redresse avec un regard emplis de douceur et de compassion.

     

    « … Vous n’êtes pas seule, votre altesse.

    -          …  »

     

    Face à lui, la jeune femme est pétrifiée de stupeur, et par un sentiment étrange…

    « L’homme que vous aimez n’a pas disparu à jamais… Il ne vous a pas abandonnée… Croyez en son amour et vous le sentirez… Vous le sentirez qu’il vous protège encore !!!! 

    Watanuki avait dit cette phrase d’un ton doux et convaincant, comme une foi inébranlable; Juste quelques secondes avant que flashs, distorsion et vents furieux l’emportent avec son sourire…

     

    Une toute petite fille aux longs cheveux noirs, cachée jusque là dans la pièce voisine, se précipite vers la jeune femme :

    « Maman ! Maman ! Qui était ce drôle de garçon ? 

    La Reine de cristal ouvre les bras, soulève son adorable enfant et la serre contre son cœur :

    « Ne crains rien, ma petite Tomoyo… C’était juste un ami… Un ami d’un autre monde… 

    Elle regarda au-dessus d’elles, si minuscules, le ciel constellé de flocons de neige à l’infini…

    « Un ami qui est venu nous donner des nouvelles de ton Papa. »

     Domeki demeura parfaitement calme près de l’endroit où Watanuki et la Boule à Neige s’étaient évaporés. Watanuki n’était pas du genre à faire des promesses, mais le peu qu’il prononçait, il les tenait.

    « Je reviens tout de suite… » Il tiendrait parole, il le savait.

    Mais avec les connexion dimenssionnelles, « tout de suite »,ça pouvait être dans quelques heures, quelques jours, quelques mois… Voire des années !

    « Cette fois, je crois bien que c’est moi qui ait agit comme un idiot », se dit-il avec une crainte sourde au fond du cœur.

    « Il arrive !!!! », s’écria soudain Mokona, bondissant sur son épaule. Flashs, vents étranges, cercle énigmatique… La boule à neige réapparut exactement à l’endroit d’où elle avait disparu quelques secondes auparavant, et Watanuki se matérialisa à nouveau du néant. Mais il n’avait plus rien du jeune homme plein d’assurance qu’il était au moment du départ. Dès son arrivée, il chuta brutalement en avant, totalement à bout de forces, comme vidé de toute énergie, épuisé comme s’il venait à lui seul de courir quatre marathons ! Domeki le recueillit in extremis dans ses bras, avant qu’il ne touche le sol. Il s’inquiéta de son teint terriblement pâle et de ne pas lui voir la moindre réaction.

     

    « … La … Neige… », murmura faiblement Watanuki, dans une demi conscience.

    « … La Neige… Elle seule peut l’arrêter. »

    Puis il retomba, inanimé.

                    Domeki s’apprêtait à lancer l’alerte rouge et le plan « sauvez Watanuki » quand ce dernier se redressa soudain comme un diable surgissant de sa boîte, bondissant en ayant retrouvés toutes ses forces, ses couleurs… Et son regard et sa voix habituels. Comme semblant s’arracher à un rêve étrange et déjà oublié, il regarda tout autour de lui d’un air ahuri

     

    « … Hein ?! Hein ? Mais… Je sais que je viens de descendre de l’échelle, là… Mais après ? Qu’est-ce que je devais faire ? »

    Watanuki reprit son petit train train d’apprenti décorateur  comme si absolument rien ne venait de se passer. En fait, il l’avait même totalement oublié, et recommença à pleurnicher sur les malheurs que Yukô lui infligeait, comme s’il n’avait jamais interrompu le fil de ses pensées…

    Domeki en demeura en pleine interrogation jusqu’à ce qu’il se plante devant lui avec un carton rempli de décorations

    « Hé ho ! Bosses un peu toi aussi ! Y’a pas de raisons que je me tape seul la déco  en plus du courrier dimensionnel ! »

    Domeki eu un demi sourire soulagé. Watanuki serait toujours Watanuki, et il était loin d’être amnésique !

     

    CHAPITRE 17 : Pétage de plombs collectif !

     

    Les bras enchaînés au-dessus de sa tête, le torse nu et marqué de coups, le visage penché recouvert de ses fines mèches blondes, Fye écoutait la conversation de ses gardes qui le pensaient vaincu. En réalité, il aurait pu facilement se libérer s’il l’avait voulu, mais seul contre tous, il savait qu’il mettrait un temps considérable pour parvenir jusqu’à Shirahime, et en précipitant les évènements, la mettrait en danger. Or, il savait qu’elle demeurerait en sécurité dans un premier temps, tant que le Roi n’aurait pas obtenu d’elle le secret de l’endroit où était caché la plume… Il lui fallait donc réfléchir à un plan, pour pouvoir parvenir jusqu’à elle sans perdre de temps au combat…

    « Ah là là, l’art de la stratégie, c’est plutôt celui de Shaolan, d’habitude… » , se dit-il à mi-voix, mais assez fort pour que l’un de ses gardes l’entendent. Ils étaient nombreux dans ce sous-sol humide, le combat de Fye contre le Roi des corbeaux ayan incité ce dernier à la prudence concernant cet otage peu ordinaire. Les larbins s’étaient bien vengés des coups que leur avait infligé Shirahime en redoublant les leurs à l’égard de Fye.  Il avait tout encaissé sans broncher, leur laissant l’illusion de leur supériorité, quand en vérité, il aurait en aurait fallut beaucoup plus pour le briser. Même s’il avait quand même une certaine animosité envers le sous-chef prétentieux des larbins, une grosse brute moustachue avec une crosse dont le pommeau, en relief, avait imprimé sur sa peau, des dessins sanglants et particulièrement douloureux…

    La brute à la crosse s’approcha justement de lui, releva son visage  du bout du pommeau constellé de gouttes de sang :

     

    « Alors, t’as toujours pas capitulé, blondinet ? Tu en veux encore ? »

    Il lui fit son sourire Happy face number 8 (je reste poli mais j’en pense pas moins) :

    « J’ai l’impression que des cheveux comme les miens sont plutôt mal perçus, dans ce pays ?

    - Les Célestes… Et tout ce qui y ressemble de près ou de loin comme toi , grogna la brute avec mépris. Vous n’êtes pas des humains. C’est à cause de vous si la guerre déchire notre pays et que cette maudite neige tombe sans fin.

    - Je ne peux pas imaginer une seconde que ce soit un peuple de femmes guérisseuses qui puissent employer des méthodes aussi inhumaines que les votre », répondit Fye sur son ton le plus gentleman.

    La moustache de « grosse brute » frémit sous l’offense. Il recula d’un pas, empoigna sa crosse, la brandit à nouveau en l’air et …

    BIG BADABOUM BANG !

                    La lourde porte de la pièce sauta de ses gonds et chuta au sol dans un léger nuage de poussière. La fourmilière des gardes présents demeura immobile de surprise devant l’entrée fracassante de deux inconnus armés de katanas.

    « BOUH ! » , fit Kurogane, rompant le silence pesant.

     

    Les gardes se précipitèrent alors en troupeau dans leur direction, hurlant à qui mieux mieux.

    Shaolan s’élança le premier, suivit de son Kuro Prof. Et tching ! Et zoum ! Et bim ! Et boum ! Les larbins volaient en tout sens à un rythme cadencé, avec un peu de musique on inaugurait une rave party.

    « Mr Fye, vous pourrez marcher ?!, demanda Shaolan entre une feinte à droite et un coup de pied freestyle à gauche.

    - Je pourrais même courir, hé, hé ! », affirma-t-il en tendant ses chaînes de sorte que Kurogane les brisent d’un coup de lame bien placé. Mais ceci fait, le ninja le fusilla du regard.

    « Tu n’as donc aucun respect pour toi ?! 

    - Hein ? »

    Kurogane fonça droit sur la brute à la crosse, s’en empara, et fit avec… Un home run !!!! (La moustache hurla tout le long de sa longue traversée dans les airs…)

    « La prochaine fois que tu te laisses frapper, ne comptes pas sur moi pour venir te chercher !!!! », gueula ensuite le ninja à Fye.

    « Allons, allons… On sait très bien que tu ne peux pas t’empêcher de jouer les héros, mon Kuro !!!! » , minauda ce dernier.

    « S’il vous plait, vous serait-il possible de remettre votre scène de ménage à plus tard ? », demanda Shaolan, qui pendant tout ce temps là continuait seul la baston.

    « Aaaah !, s’écria Fye en reprenant la castagne. Ça y est, le petit a honte de nous ! Il nous fait sa crise d’ado ! Et il a même pas encore de poils à la moustache !!!!

    - Oh, lui, c’est rien encore… », soupira Kurogane.

                    A ces mots, un tremblement du sol terrible, suivit d’une secousse violente des murs et soudain….

    CRAC BADABOUM BANG !

    Une énorme créature, mi tortue mi limace, fracasse tout en provoquant une brèche monstrueuse, faisant son entrée dans un grand « BEUWAAAAH ! » vainqueur !

    « LE GLUCK !!!! », crie Fye, tout heureux en se précipitant vers lui… Avant de reculer sous l’odeur. Au sommet de la carapace de l’animal, Mini Kuro et Mokona sont morts de rire, tandis que la Princesse Sakura explique :

     

    « On l’a croisé en chemin… »

    Tandis que Shaolan l’aide à descendre de monture, Fye s’interroge :

    « Mais au fait, comment m’avez-vous retrouvé aussi vite ? 

    Mokona bondit dans ses mains :

    « Mokona branche son radar, Shaolan réfléchit, Kurogane démolit ! 

    Un des gardes « démoli » tente de se relever.

    « Yataaaa ! »

     

    Sakura le remet en place d’un grand coup de lance Kuroganesque.

    « … Et… Le bibelot connaît sa première révolution féministe. 

    - JE NE SUIS PAS UN BIBELOT !!!!

    - Snif… Notre petite Sakura Chan te ressemble de plus en plus, Kuro Papa, soupire Fye. 

    - N’IMPORTE QUOI !!!! » hurlent les deux Kurogane d’une seule voix.

    Toute la petite « famille » sursaute en réalisant que Shaolan est en train de courir à l’aventure, se précipitant hors de la pièce sans attendre que le pétage de plombs collectif soit terminé.

    « On passe à la phase 2 du plan ! leur lance-t-il dans sa course. 

    - C’est quoi la phase 2 ? , demande Mini Kuro, atterrit entre les bras du grand.

    - Explication musclée avec le gros méchant pas beau et capture de la plume !, dit Mokona en bondissant sur sa tête.

    - Shirahime Chan… murmure Fye, redevenu sérieux.

    - ALORS QU’EST-CE QU’ON ATTENDS ?! ALLONS Y !!!! » s’écrie Sakura en se précipitant lance en avant sous le regard attéré des garçons !

     

     

    >>> ....