• Tu n'es pas seul (1/7) - Cycy la vache de l'espace

    Tu n'es pas seul by Cycy la vache de l'espace

    CHAPITRE 1 : Joue avec moi !

    Un paysage  hivernal, enneigé, d’un silence absolu, à peine effleuré d’un vent léger. Soudain, une rupture, une lacération, un souffle tumultueux qui déchire l’espace et y tournoie furieusement ; Surgissant de nulle part, deux personnages tombent du ciel et s’écrasent dans un bruissement d’écrasement sur l’épais tapis de neige moussue.

    « Tu ne nous fera jamais atterrir normalement ?! Hein ?! Sale boule de poils ?! », vocifère une voix caverneuse.

    « Je crois que le coupable ne peut pas t’entendre, Kuro chan », lui répond un ton mutin.

    Kurogane releva son visage rougit par le froid de la neige où il s’était imprimé sous la violence du choc :

    « Et merde, grogna-t-il, on a encore perdu les gamins en route.

    - Et la sus-dite boule de poils, souligna Fye en s’amusant de l’inquiétude que dissimulait le mot trivial de son camarade. Mais si nous pouvons nous comprendre, c’est que Mokona n’a pas dû atterrir bien loin… », ajouta le jeune magicien en époussetant son costume élégant. Mais comme à son habitude, Kurogane, en bon ninja bourru, continua de grommeler entre ses dents :

    « Tout ça, c’est parce qu’on est partis trop vite du monde précédent… Mokona s’est enclenché sans prévenir lorsqu’il a vu que Shaolan s’était blessé pour obtenir la plume… Et Sakura doit toujours être inconsciente après l’avoir reçue… Et…

    - Et ne te fais pas de bile, insista Fye en lui tapotant l’épaule malicieusement. La blessure de Shaolan n’était pas grave, j’en suis sûr. Rien ne peut l’arrêter, ce gamin ! Quand à notre Sakura Chan, elle saura prendre soin de lui et vice versa. Et puis ils sont très futés et courageux tous les deux …

    - M’ou – ais… grommela Kurogane.

    -  Alleeeez, insista Fye, on va les retrouver, tes poussins ! Ah ! Quelle mère poule, ce Kuro-Papa ! 

    Kurogane se contenta de le fusiller de son regard le plus sombre, mais il l’aurait volontiers fendu en deux d’un grand coup de lame. Malheureusement, son katana devait être bien rangé quelque part dans le bide de cette grosse baudruche de Mokona. A cette idée le ninja grogna en terme d’épilogue, avançant d’un pas rageur sur la plaine enneigée.

     

                    Franchement désert, le coin. De la neige et encore de la neige, encore et toujours, à perte de vue, seulement ponctuée, ça et là , par le tronc sec et noueux d’un arbre dégarni, et de trois brins d’herbe ayant survécus aux rigueurs du climat. Son costume du monde précédent étant bien léger et peu adapté à la situation, Kurogane continua de grommeler à chacun de ses pas. De son côté, Fye paraissait parfaitement insouciant, chantonnant en lui emboîtant le pas, totalement indifférent au panorama glacial, étant originaire d’un pays tout aussi « rafraîchissant » . Ce qui ne manqua pas d’augmenter l’irritation de son camarade, qui au bout de quelques kilomètres parcourus, constata qu’ils étaient toujours cernés par le paysage hostile d’un désert hivernal, sans l’ombre d’une habitation en vue. Et les gamins qui devaient être là, tout aussi perdus qu’eux, et peut-être inconscients…

    « Ce qu’il nous faudrait, c’est un Nasobi, dit Fye en interrompant le fil de ses pensées.

    - C’est quoi, ça, un Nasobi ?

    - Tu ne te souviens pas, dans le monde de l’autre jour, ces grosses créatures au flair redoutable qui nous suivaient à la trace ? C’était des Nasobis.

    - Comment t’as su leur nom ?

    - Je ne le savais pas. Mais chaque fois qu’on change de dimension, on se fait attaquer par tout un tas de créatures dont la plupart du temps on ne connaît ps le nom. Alors moi je leur en donne. Les renifleurs, c’était des Nasobis, et ça, dit-il en désignant une espèce de lapin croisé avec une moufette, traversant un peu plus loin sur la neige, on n’a qu’à dire que c’est… Hum… Un choupinou ! C’est mignon comme petit nom , hein, Kuro Chan ?

    - Ce que je trouve de stupéfiant, c’est que chaque fois que je pense que tu as atteins les limites de ta stupidité, tu en repousses encore les frontières.

    - Waaaav !, applaudis Fye d’un air narquois, Kuro Chan fait des vannes de plus de trois mots, maintenant !

    - La ferme et en route, pauvre débile ! 

    Encore un kilomètre. Ils croisèrent une sorte de belette.

    « Oh, une milotte !, s’exclama Fye. Allez  Kuro Chan, joue avec moi au jeu des noms !

    - Non. "

    Un kilomètre de plus. Ce fut une souris croisée avec un écureuil.

    « Tiens, un micounet ! Tu ne le trouves pas tout mimi ?

    - Mais pourquoi, pourquoi je voyage avec un taré pareil ?

    - Et là, regardes dans l’arbre, c’est un…

    - Non, Fye !!!! 

    Kurogane avait les nerfs en vrac :

    « Tu vois pas que ça fait des kilomètres qu’on tourne en rond et qu’à l’heure qu’il est les gosses doivent être congelés ?!

    - Sakura et Shaolan vont bien, affirma Fye d’un ton plus sérieux, pour apaiser sa colère.

    - COMMENT TU PEUX LE SAVOIR ?! , interrogea le ninja de son regard le plus perçant.

    - Je ne peux pas l’expliquer… C’est quelque chose qui se ressens. Mais s’il leur arrivait malheur… Je le saurais, sois en sûr. 

    Kurogane ne répondit rien, le scrutant toujours. C’est dans ces instants où Fye était aussi sérieux, avec cette lueur si mélancolique dans le regard et une ombre sur son éternel sourire, qu’il croyait vraiment en sa sincérité. Il comprit qu’il était tout aussi inquiet que lui pour leurs petits protégés, si ce n’est plus. Mais Fye était toujours le premier à encourager les « enfants » (à quelques années près tout aussi jeunes adultes qu’eux) à aller de l’avant et défier leurs propres capacités, tandis que Kurogane semblait s’être mis en tête de protéger tout le monde à grands coups de Katana et de force brute. Il était comme ça, le Kuro Chan. Un océan de tendresse sous une carapace de fer.

    « Bon, soupira-t-il en se taillant une lance avec un bâton en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tu préfères manger du choupinou, de la milotte ou du micounet ?

    - Quoi ?!, sursauta Fye, tant ces mots semblaient incongrus dans la bouche du ninja.

    - J’ai une dalle d’enfer, pas toi ? Et puis faudra bien nourrir les marmots quand on leur mettra la main dessus

    - Tu oublies l’appétit féroce de Mokona, dit Fye en retrouvant son sourire devant ce regain d’optimisme.

    - S’il croit que je vais le nourrir, cette grosse barrique … 

                    C’est alors que le sol se mit à trembler d’une secousse redoutable. Un véritable tremblement de terre que les deux hommes, à peine surpris  (il leur arriverait toujours des tuiles, quelque soit le monde) accueillirent toutefois en se tenant sur leurs gardes.

                    Ce ne fut que l’espace d’un éclair. Fye vit soudain Kurogane s’élever de terre, non pas comme propulsé, mais soulevé. Il semblait trôner sur une espèce de monticule surgit des tréfonds de la terre et qui sembla s’élever toujours plus haut.

    Et tout à coup, Fye réalisa qu’il se trouvait face à face, nez à museau, avec le croisement improbable d’un escargot et d’une énorme tortue de terre, bâtie comme un tank, et  le regardant d’un œil indifférent et brumeux en mâchonnant une quantité astronomique de végétaux. Deux étages plus haut, droit comme un i au sommet de l’immense carapace mais les yeux écarquillés, Kurogane déclara, juché tel un empereur sur sa monture :

    « Non mais c’est quoi ce… Ce… Ce… CE « GLUCK » ?! 

    Le Gluck, comme pour lui répondre, relâcha sa pitance pour émettre un long râle baveux , et dont Fye, bien face, pu percevoir combien il était malodorant.

    «  Le Gluck, c’est pas mal, Kuro-chan… Tu as trouvé le nom parfait pour désigner une grosse bête visqueuse ayant de sérieux problèmes d’hygiène… »

     

    CHAPITRE 2 : Mokona chiki boum wiiiiz !

     

    « SHAOLAN ! »

    Le jeune homme se réveilla en sursaut, se redressant d’un bond du lit luxueux où il était allongé. Son cœur reprit des pulsations normales lorsqu’il croisa le regard doux et le sourire lumineux de la Princesse Sakura, et qu’il aperçu en arrière plan Mokona bondissant et rebondissant comme un ballon fou dans la pièce, chantonnant de sa voix acidulée :

    « SHAOLAN A FAIT LA GRASSE MATINEE – HEU !!!! 

    Ce dernier s’inquiéta d’abord de la Princesse :

    « Vous n’êtes pas blessée ?

    -          Non. Et vous ? 

    Le regard du garçon se porta vers son bras droit, qui avait sérieusement «été touché lors d’un combat contre l’une des fameuses créatures innommables  du monde précédent. Mais c’était comme si celui-ci n’avait jamais eu lieu : d’une manière plus qu’étrange, ses plaies s’étaient refermées, il n’avait même pas la moindre cicatrice ! Mais il y avait plus urgent que de chercher une explication à cette favorable rémission :

    « Où sont Mr Kurogané et Mr Fye ?

    - Je l’ignore… Lorsque je me suis réveillée, j’étais dans la chambre voisine de celle-ci… Il y avait à mes côtés de gentilles dames , qui ne semblaient pas comprendre un mot de ce que je leur disais malgré Mokona. Elles m’ont apporté de la nourriture, et de quoi me changer… C’est un endroit très luxueux… Je crois que nous sommes dans une sorte de temple, voire même un palais…

    - Mokona, sais-tu quel est ce monde ?, demanda Shaolan. Et ressens-tu l’énergie d’une plume ?

    - Mokona, chiki boum wiiiiz ! », répondit la peluche en faisant des loopings. Face à cette réponse incongrue , Shaolan tomba des nues, et Sakura eu un sourire forcé :

    « Je ne sais pas pourquoi mais Moko Chan est dans cet état depuis mon réveil. Il est un peu… Tout fou. 

    En effet, Mokona rebondissait partout  en tenant des propos encore plus incohérents qu’à l’accoutumée 

    « Mokona n’est pas un produit soldé. Mokona ne sera ni repris ni échangé. Mokona est une marque déposée par Clamp. Achetez les figurines Clamp in 3 d land !!!! Wiiiiz !!!! 

    Shaolan jugea l’affaire extrêmement grave. Sans leur radar à plumes/ traducteur / transbordeur dimensionnel , leur quête était perdue ! Et comment retrouver Fye et Kurogane ?! Il fallait rester calme et régler leurs problèmes les uns après les autres. Tout d’abord, se renseigner sur les lieux où ils avaient atterris, comment ils étaient arrivés dans ce palais et pourquoi. Et surtout, dans quel état ? Mokona avait-il perdu seul la raison, ou l’avait-on un peu aidé ? Et comment lui faire retrouver ses esprits ?

    « Où sommes-nous donc ?!, s’interrogea Shaolan.

    - Au pays de Kurisutaru », lui répondit une voix douce et timide.

                    Shaolan et Sakura se tournèrent vers l’entrée de la pièce, où se tenait une femme d’une trentaine d’années, à l’épaisse chevelure brune et bouclée et au doux sourire maternel. Elle leur fit une petite révérence en rougissant :

    « Je me nomme Shuko et je suis à votre service, à la demande de Sa Majesté la Reine de Cristal… C’est au palais de notre altesse que vous résidez, et vous êtes ses invités… 

    Shaolan et Sakura s’inclinèrent eux aussi poliment, et un peu embarrassés de ce protocole.

    « Pouvez-vous nous dire…. ?

    - Des gardes de notre cité vous ont trouvés tous les trois inconscients dans la neige, à quelques kilomètres d’ici. Ils ont été si… Impressionés à votre vue que ce sont eux qui vous ont emmenés au palais. Et c’est notre Altesse en personne, la Reine de Cristal, qui par sa magie vous a soigné… Par contre, elle n’a rien pu faire pour votre petit compagnon, qui présentait déjà… Quelques petits troubles de la personnalité. 

                    Les réflexions se bousculaient dans l’esprit de Shaolan. Ils se trouvaient au pays de Kurisutaru et la Reine en personne les avaient soignés ! La magie semblait naturelle dans ce pays, où Mokona était bien perçu. Mais pourquoi les gardes avaient été si impressionnés en les découvrant tous les trois, au point de les emmener au palais ? Et pourquoi… ?

    « Si vous le voulez bien, à présent que vous voici tous les  trois réveillés, notre altesse la Reine de Cristal souhaite s’entretenir avec vous », poursuivit Shuko en les invitant à la suivre. Shaolan opina de la tête, non sans demeurer sur ses gardes pour protéger Sakura, et le Mokona survolté qu’elle tentait de contenir dans ses bras.

    « C’est étrange, lui murmura Shaolan. Mlle Shuko a parfaitement suivit notre conversation alors que les dames présentes à votre réveil ne semblaient pas vous comprendre.

    - Mlle Shuko est très différente des autres dames… Elles avaient toutes des cheveux blonds et lisses, et un regard triste, la peau très pale…  On aurait presque dit qu’elles étaient des spectres… Et puis si Mokona a chopé un virus interne, peut-être qu’il bugge un peu dans la transmission. 

    Shaolan prit en compte la remarque de Sakura… Et se dit que la Princesse avait acquit un langage bien fleurit depuis leurs aventures dans le monde technologique de Piffle ! Peut-être qu’un jour il la verrait brandir un katana et descendre des litres de saké en jurant comme un… Kurogané.

     

     

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