• Tu n'es pas seul by Cycy la vache de l'espace

    CHAPITRE 6 : Le châtiment de Shirahime

     

    « Le pays de Kurisutaru n’a pas toujours été ainsi, explique la Reine de Cristal. Autrefois ? son paysage était verdoyant et plein de promesses.

    « Que s’est-il passé ?, demanda Shaolan.

    - Notre pays a toujours été divisé en trois territoires. Le Royaume de Cristal, où nous nous trouvons. Le Royaume des corbeaux, situé totalement à l’opposé. Et entre les deux, le territoire des Célestes.

    - Des Célestes ? Quel joli nom !, s’exclama Sakura.

    - Le Célestes ne sont pas des humains, expliqua la Reine de Cristal en désignant la jeune femme blonde qui l’accompagnait. C’est un peuple différent, qui ne comporte que des femmes. Elles ont la particularité d’avoir des cheveux très blonds, comme aucun être humain n’en possède en ce monde. Ainsi que de très puissants pouvoirs et un langage différent du nôtre. Beaucoup de légendes ont couru sur elles , cela a redoublé lorsque l’une de tes plumes est arrivée sur leur territoire… 

    Au mot « plume » , Shaolan avait bondit de son siège. Le double de Sakura ferma lentement les yeux :

    « Ptite fille, j’ai fais un rêve… Le rêve qu’une plume, chargée de pouvoirs à la puissance inouïe, viendrait dans notre pays… Une plume appartenant à une jeune fille qui était mon double d’un autre monde, et qui un jour viendrait la chercher… 

    La Reine de Cristal rouvrit les yeux :

    « A partir du moment où les Célestes ont eu cette plume en leur possession, leurs pouvoirs ont redoublé d’intensité. La plume a alors attirée la convoitise du Roi du Royaume des Corbeaux, qui a tout mis en œuvre pour s’en emparer. Les Célestes sont un peuple pacifiste, elles n’utilisent la magie que pour guérir et protéger… Le Roi des Corbeaux n’a pas eu le moindre mal, avec son armée, à massacrer ses malheureuses… Les  seules qui sont parvenues à s’enfuir se sont réfugiées ici, au Royaume de Cristal, où nous les protégeons. Mais le Roi des corbeaux n’a pas pu s’emparer de la plume. Et elle se protège elle-même en faisant tomber cette neige discontinue pour ralentir son armée…

    - Mais c’est une protection bien faible face à un homme déterminé au point d’avoir anéantit tout un peuple !

    - Rassurez-vous, la fée des glaces est restée auprès d’elle…

    - La fée des glaces ?!

    - J’ai du lui confier la  plume… Entre autres raisons parce que à mon approche, les pouvoirs de celle-ci devenaient comme fous, provoquant de véritables cataclysmes. J’ai compris que c’était parce que je suis le double de sa propriétaire légitime, et que ma présence était comme celle d’un aimant faisant perdre le nord à une boussole… 

    Mokona, traversant la pièce en caleçon à fleurs, confirma cette théorie.

    «  C’est pourquoi c’est la fée des glaces, la plus puissante des Célestes, qui est demeurée pour garder la plume…

    - Mais vous venez de nous dire que les Célestes avaient une magie uniquement défensive !

    - Pas la fée des glaces. C’est une métisse. 

    Devant les  yeux ronds de ses invités, la Reine de Cristal eu un rire enchanteur avant d’ajouter :

    « Cette histoire est décidément très longue ! Je vais vous la raconter… 

    Fye était toujours agité de fièvre et de spasmes dans son sommeil. Ses convulsions semblaient violentes, douloureuses….

    « Vous devriez vous aussi vous reposer », affirma la fée des glaces en voyant que Kurogane n’avait pas quitté son chevet. Il la fusilla de son regard le plus noir en guise de réponse.

    « Vous ne me faites pas confiance, n’est-ce pas ? », demanda la jeune femme de son ton le plus mutin et destabilisant.

    Bon sang, mais où l’avait-il déjà rencontrée ?

    « Vous n’avez répondu à aucune de mes questions, se contenta de souligner le ninja.  Par exemple, comment se fait-il que vous ayez appelé Fye  par son nom depuis le début alors qu’il est toujours inconscient et que je ne vous ai pas livré cette information ? 

    La jeune fille redoubla de son rire aussi mignon qu’agaçant.

    « Décidément, vous êtes très perspicace, Mr le ramoneur… Mais si je vous le disais maintenant, cela vous gâcherais toute la surprise… »

     

    Kurogane tiqua sur le  mot « ramoneur », l’un des tout premiers quolibets dont Fye l’avait affublé à leur rencontre. Bizarrement, il en fut moins hostile à l’égard de leur hôtesse. Elle traversa la pièce, lumineuse et légère comme un ange, et vint s’asseoir à côté de lui comme un oiseau se pose sur la branche, dans un bruissement satiné. De plus près, elle était encore plus belle, une beauté divine, irréelle, à couper le souffle, mais aux yeux de Kurogane, aucune femme n’arrivait à la cheville de la Princesse Tomoyo …. C’était une histoire à la Ulysse et Pénélope, mais…   Bien plus complexe….

     

    Il recadra ses pensées en se demandant pourquoi cette Shirahime semblait en savoir plus long que lui sur Fye , et continua de la surveiller chaque fois qu’elle approchait trop près de lui…

    « Autrefois ces lieux étaient emplis de toute une communauté, murmura enfin la jeune fille en promenant son regard bleu azur sur les vastes murs de l’immense salle où ils se trouvaient. Mais je suis la dernière à présent… 

    Alors, sans lui évoquer l’affaire de la plume, elle lui résuma l’histoire du pays de Kurisutaru et des Célestes.  Puis :

    « Notre peuple a toujours effrayé et été incompris. Autrefois on disait que nos larmes provoquaient toutes sortes de malheurs aux humains : disparitions, défaites, meurtres, ruptures, trahisons… Tout était de notre faute. Nous étions une espèce incomprise et les seuls humains prenant notre défense étaient bannis de leur clan… La principale peur des Célestes venait du fait que nous ne sommes que des femmes. Chaque fois qu’une Céleste meurt, son corps s’entoure d’une Chrysalide, puis de ce cocon surgit une petite Céleste en touts points semblable à celle qui vient de mourir… Pourtant un jour… 

     

    Le regard de la fée s’anima d’une lueur étrange.

    « Pourtant un jour, le général Ojiro, du Royaume des Corbeaux, s’éprit de Tama, une Céleste, et inversement. Pour la  toute première fois, une Céleste était enceinte de l’enfant d’un humain, et il l’emmena au Royaume des Corbeaux pour l’épouser. Mais ce fut un désastre. Le Roi fit tuer le Céleste après qu’elle eu mis au monde un enfant métis, et comme celui-ci était également menacé, le général prit la fuite en l’emmenant au territoire des Célestes. Il parvint à sauver son enfant mais périt de ses blessures peu après son arrivée. 

     

    La fée des glaces soupira :

    « Il faut croire que c’est surtout le territoire des orphelins… L’an dernier j’ai découvert le petit Kuro, seul et inanimé tout comme vous, dans la neige… Lui aussi a fuit le Royaume des Corbeaux, où il n’avait plus de famille…

    - Et qu’est-il advenu de l’enfant du général ? », demanda Kurogane, un peu perturbé par la présence de son jeune double, qui dormait lui aussi à poings fermés, avec le sourire des bienheureux.

    « Une petite fille… poursuivit Shirahime. Elle a rapidement grandit, notamment en magie, la puissance des Célestes alliée à celle des humains. Elle est devenue la fée des glaces et continue de veiller sur ce territoire empli de souvenirs… », dit-elle avec un sourire entendu.

    « Mais…. » Le son de sa voix se brisa net, fragile et ému.

    « Le peuple des Célestes s’est enfuit et celui des humains lui est interdit… Tel est son châtiment… Condamnée à demeurer seule… »

    Elle retint le sanglot qui enflait dans sa gorge et les larmes qui perlaient à ses yeux, se penchant lentement vers Fye, toujours en lutte cotre le venin qui obscurcissait ses rêves, écartant les fines mèches blondes plaquées par la sueur sur son front fiévreux…

    …Fye… Shirahime….

    Alors Kurogane comprit enfin l’évidence. Non, il n’avait jamais rencontré Shirahime auparavant, dans une autre dimension ou dans une autre vie. Ce qu’il avait remarqué en elle, c’était l’écho désespéré de cette punition qui collait à Fye comme une seconde peau :

    Ce gouffre sans fond et glacé que l’on nomme SOLITUDE…

     

    CHAPITRE 7 : Mon étoile

     

    « Si vous voulez que Mokona remporte 150000€, pour Mokona tapez 1 !

    - Mokona 

    - Woui, Shaolan ? Wiiiiz !

    - Est-ce que tu sais où Mr Fye et Mr Kurogane peuvent se trouver ?

    - Pour Fye le matou tapez 2 ! Pour Kuro toutou tapez 3 ! 

    Shaolan saisit la petite boule de poils entre ses mains et la berça tendrement, comme pour l’endormir :

    « Tant que nous resterons dans ce monde tu ne seras pas toi-même… Demain j’irais chercher la plume, et je pense qu’après tu te sentiras beaucoup mieux…

    Sakura observait la scène avec des yeux doux et inquiets.

    « … Mr Shaolan…. Vous souvenez-vous de ce que la Reine de Cristal nous a dit tout à l’heure ? Le territoire des Célestes est devenu hostile… De nombreuses créatures dangereuses rôdent tout autour…

    - Je saurais les dépasser et retrouver votre plume. Et puis, je ne serais pas seul. Une nombreuse escorte sera à mes côtés. Ne vous inquiétez pas…

    - Wiiiiz ! » , s’écria  Mokona, bondissant des mains de Shaolan pour rejoindre celles de Sakura.

    « Le docteur Shaolan a raison ! Si vous continuez de vous inquiéter pour tout, Mademoiselle, vous ferez un ulcère avant l’âge de trente ans !

    - Merci, Moko Chan…. , murmura Sakura en caressant le petit animal.

    - De rien. C’est 500 balles la consultation !

    La Princesse sourit tendrement, puis ajouta :

    « De toutes façons, moi aussi je serais membre de l’escorte qui partira à la recherche de la plume.

    - Et oui, vous ne pourrez pas refuser, car j’ai demandé l’autorisation à la Reine de Cristal en personne ! C’est bien pratique de pouvoir se parler entre soi-même… Etrange, mais plutôt amusant !

    - Mais… Princesse… tenta de contester Shaolan.

    - Passez une bonne nuit, vous devez être en pleine forme demain.  Moi aussi, je m’en vais dormir dans ma chambre… Tu viens, Moko Chan ? … Je suis sûre qu’on va retrouver la plume, Mr Kurogane et Mr Fye….  Bye, bye ! », lança-t-elle de son sourire le plus craquant et malicieux avant de disparaître derrière la porte.

     

    Après le langage fleurit de Kurogane, les minauderies de Fye. Sakura , avec sa curiosité naturelle et son désir de se rendre utile, apprenait vite de tout ce qui l’entourait. Tout comme Shaolan, elle grandissait et évoluait à travers ce voyage, et même lorsqu’elle aurait retrouvé toutes les plumes contenant sa mémoire, elle ne serait plus tout à fait la même qu’avant l’accident qui l’avait rendu amnésique. Dans ce monde aussi, Shaolan devrait se battre pour récupérer l’une des plumes de Sakura. Il ne reculerait pas.

    « Je les retrouverais toutes, Princesse ! 

                    Debout face à la nuit constellée d’étoiles, majestueuse sur le vaste balcon de sa chambre, l’autre Sakura, la Reine de Cristal, murmura avec mélancolie :

    « Toi aussi tu avais cette détermination, Shaolan…

    - Maman ? 

    La jeune Reine se retourna lentement. Une petite fille de cinq ans se tenait près d’elle. Une adorable enfant, avec des yeux doux et une longue chevelure d’un ébène luisant.

    « Oui, ma petite Tomoyo ? »

     

    CHAPITRE 8 : Délivres moi

      

    Fye luttait, luttait contres ses cauchemars, contre le venin qui avait empoisonné son sang, pour retourner vers le monde réel. Pourquoi ne trouvait-il jamais le repos ?

    Seul, recroquevillé, comme un petit enfant apeuré dans le noir, les mains jointes, le visage enfoui dans ses genoux, le cœur oppressé, aux battements à peines perceptibles, de plus en plus lents. Pas une lueur au fond du gouffre des ténèbres qui l’avaient englouti, pas un son, pas la moindre présence rassurante à laquelle se raccrocher…

    Juste Ashura ô et lui. Comme avant….

     « Vous n’étes pas réel… »

    Oui, trouver la force de vaincre cette angoisse qui le rongeait corps et âme.

    Inéluctablement…

    Tomber  le masque, se relever. Après chaque chute, encore et encore. Ce n’était pourtant pas bien difficile, de respirer ? Il fallait qu’il retrouve son souffle, qu’il s’extirpe de cette langueur moite qui l’étranglait. Rompre l’obscurité, hurler à pleins poumons. Chasser ses démons et ne pas sombrer définitivement dans la folie. Cette démence. Comme un fauve qui se déchaîne toutes griffes dehors, un feu qui vous consume lentement avec vos dernières bribes de lucidité.

    « Est-ce vraiment ton souhait ? », demanda Ashura ô en posant une main sur sa tête.

    « Je n’ai pas le droit de mourir , répondit Fye. Pas comme ça. Pas encore.

     Il y a un vide en moi, et il m’attend, quelque part. Je dois le retrouver !!! »

    « Il est pourtant présent avec toi, affirma Ashura ô. Dans ce  corps où tu dors et tu survis…

    - Est-ce qu’il peut m’entendre ?, demanda Fye. Il y a si longtemps que nous sommes séparés… Parfois je crois entendre son rire qui se moque de moi… Mais derrière ses rires… Il n’y a plus rien.

    - Ses rires se sont glacés… Tout comme tes larmes.

    - Alors plus rien n’existe,  pas même moi. Je voudrais tant l’entendre rire encore… Pourquoi ?

    - Parce que tu es victime de ce rien qu’on appelle le manque. »

     

     « En vérité, tu t’es trahit toi  même, affirma Ashura ô . Tu prétends craindre pour « leur » vie. Tu es une menace tant que tu restes avec eux. Tu ris et tu joues, alors que tu le sais… Que chaque seconde auprès d’eux est peut-être la dernière… Qu’un jour la mort frappera, et que c’est toi qui l’aura causée. Tu ne sauras pas les protéger de ce qui te hantes… Et tu es trop lâche pour trouver le courage de les quitter. Trop lâche pour leur dire toute la vérité…

     

    - Laissez moi !!!! », hurla Fye, ne supportant pas toutes ces terribles accusations.

    « Laissez moi… Je veux être seul. Porter seul ce fardeau. … Ne me regardez pas ainsi. »

     « Je n’aurais pas dû me livrer ainsi, continua Fye. Je n’aurais jamais dû m’attacher à eux. Mon destin est la solitude. Depuis toujours et pour toujours. Pas le droit d’aimer. Pas le droit d’être aimé. Parce que…

    Je ne veux être la cause d’aucun sacrifice…

    Je sais combien ce mot est lourd de conséquences, pour ceux qui y ont succombé. »

    « Entre la vie et la mort, il n’y a qu’un rêve capricieux…

    Comme ce désespoir de ne pas parvenir à les quitter tous les quatre. »

     « Je fuis… Parce que je ne veux pas que le rêve se brise. »

    « … Mais toi tu sauras me retrouver, hein, Ashura ô ? »

    « C’est inutile est insensé, affirma Ashura ô. Toutes tes larmes ne pourront jamais susciter ma pitié. Laisses ce vide froid t’envahir et te délivrer de tes tourments. Renonces à eux. »

    … Shaolan….

    … Sakura… 

    … Mokona…

    … Kurogané…

    Fye releva lentement le visage.

    « Il y en a un qu’il ne faut pas contrarier, dit-il. S’i l me voyait comme ça il n’hésiterait à me houspiller pour que je m’arrache à  ce cauchemar… Kuro Chan doit être furieux en ce moment. Vraiment FURIEUX . Je le pratique depuis assez longtemps, maintenant… Je suis sûr que là, il me gueule tout un chapelet de noms d’oiseaux pour me faire réagir. »

     

    A cette idée , Fye eu un petit rire, sincère malgré lui.

     « Si tu choisis de repartir, alors tes souffrances reprendront, affirma Ashura ô. Tes mensonges aussi. Jamais tu ne trouveras le repos et la paix dans ta fuite inutile… Et c’est leurs vies que tu remets aussi en jeu.

    - Ce n’est pas un jeu. J’ai trouvé un sens à ce qui n’en avais pas.  Alors je vais laisser revenir la vie, et laisser battre ce cœur plus vite… Parce que j’ai pris conscience qu’il était là. » 

    « Tu ne peux pas revenir !

    - Je dois revenir. Je veux revenir.  Parce que je ne veux pas ajouter ma peine à leur lot de souffrances… Parce que sinon….  Kuro Chan… » 

    « Hé !!!! Tu vas t’réveiller, ouais ?!!!! » 

    Les mots s’étaient répercutés jusqu dans le moindre recoin de la  nuit régnant sur ce cauchemar.

    « Hé !!!!  Allez, ouvres les yeux !!!! »

    Quelque part dans une semi conscience, Fye sentait confusément qu’une poigne de fer secouait énergiquement l’un de ses bras :

    « Réveilles toi, idiot, réveilles toi ou je t’en colle une !!!! »

    Pas de doute, cette voix furieuse qui lui vrillait les tympans, c’était bien Kuro Toutou qui aboyait ! Il fallait laisser Ashura ô derrière lui. Suivre le guide, suivre le son de la voix de Kuro Chan et revenir. Il n’était plus très loin…

    « Je te donnes trois secondes pour ouvrir les yeux !!!! » 

    Mais c’est qu’il rigolait pas, le Kuro papa 

    « Un… »

    Allez debout, debout et court, court vers sa voix !

    « Deux… »

    Dans des volutes brumeuses, incertaines, une image se dessine vaguement…  Un visage… Il le reconnaît… Son visage….

    « Trois !!!! »

     

    Le poing de Kurogane s’écrase sur l’oreiller , à deux centimètres du visage de Fye, qui vient d’esquiver le coup, les yeux bien ouverts et un large sourire happy face en guise de condoléances :

    « Quelle arnaque, c’est toi le comité d’accueil ? J’ai pas droit au doux baiser d’une princesse comme dans le conte ?

    - Pas de princesse à l’horizon, grogna Kurogané en croisant les bras. On est toujours paumés au milieu du désert, et à cause de toi, on a perdu une bonne journée pour retrouver les gosses. 

    Puis, avec un soupir indifférent :

    « Comment tu te sens ?

    - Je crois que j’ai encore la tête dans le Gluck, mais, ah, ah, je pète la forme !.... Ooooh mais c’est génial, ça ! T’as vu ? J’ai même pas de cicatrice !... hé ! Mais c’est tout à fait charmant, ici ! A qui appartiennent tous ces jolis meubles ?

    - C’est cette fille… grogna  Kurogane d’une voix méfiante mais déstabilisée.

    - Nooon, minauda Fye, il y a une divine créature qui a osé me voler mon Kuro Chan durant mon sommeil ?

    - Pas du tout ! Arrêtes de dire des idioties !

    - Moi qui pensais que tu serais d’une fidélité exemplaire envers la Princesse Tomoyo ! Tu vas lui briser le cœur, à cette pauvre petite !

    - Mais noooon ! Jamais de la vie !, vociféra Kurogane en perdant toute sa mesure légendaire. Ça n’a rien à voir, c’est à cause de TOI !!!!

    - Bien sûr, c’est ma faute si t’es un coureur de jupons ! Ah, ah, aaaah ! »

    Fye était tellement hilare et euphorique, sans doute en contrecoup des délires provoqués par le poison, que Kurogane fut obligé de lui plaquer une main sur les lèvres pour obtenir un peu de silence. Lorsqu’il lui sembla un peu moins agité et passablement apaisé, il la retira pour lui demander /

    « Fye, est-ce que tu es encore dans les vaps ? »

    Le magicien ne répondit pas immédiatement. Pour une fois, ce n’est pas qu’il dissimulait un mystère. C’est qu’il déployait un effort surhumain pour ne pas hurler de rire à en rouler par terre, et ses yeux en pétillaient de larmes.

    « En vérité, je ne sais pas si c’est l’air de ce monde, ou les émanations douteuses que produisait le Gluck, ou encore la substance hallucinogène qui m’a si bien divertit cette nuit, mais… Je crois que je suis complètement pété ! AH AH AH AH !!!! »

    Kurogane eu le regard atterré de l’homme prêt à tout assumer, sauf une situation aussi démente.

    « Ah ! cette fois j’ai vu la mort en face, continua Fye, et tu sais ce qui m’aurait le plus manqué, mon Kuro Chan ? 

    … » , fut  la seule réponse du ninja renfrogné.  Fye rapprocha son visage du sien avec une mimique irrésistible :

    «  TON SOURIRE EBLOUISSANT !!!! 

    Puis le magicien s’écroula à nouveau sur son lit en riant aux éclats, riant et riant encore  comme un fou furieux :

    « TON SOURIRE !!!! TON SOURIRE KURO CHAN !!!! WA HA HA HAAAA !!!! »

    Le ninja murmura presque stoïquement :

    « Shaolan, trouves cette plume, que l’on quitte vite ce monde… »

     

     

     

    >>> ....


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    CHAPITRE 3 : Je ne connais pas ces mots…

     

    « La vache, le Gluck, il est pas né sur un champs de courses !

    - Cesses donc de rouspéter, Kuro Chan… On avance quand même plus vite dans ce désert, sur le dos de notre pote Gluck, que lorsquon était à pieds…

    - Ouais mais il SHLINGUE à mort, et question étalon, c’est plutôt une limace !

    - Ne l’écoutes pas, Glucky chéri, il est jaloux de ton charisme…

    - BEUWAAAAH, répondit Gluck dans un râle affectueux.

    - Fye, si tu comptes embrasser le Gluck, je t’abandonne dans sa bave et son haleine…

    - C’est sur que l’eucalyptus, ça doit pas pousser beaucoup dans ce pays ! »

    Gluck se figea soudain, comme statufié, au milieu de la neige. Tout à coup, le silence absolu régnant autour d’eux leur sembla plus pesant, tendu… Kurogane brandit sa lance. Fye se dit qu’il était trop tard pour en faire une deuxième.

    Un long vombrissement sourd, inquiétant. Puis une secousse terrible, renversante, phénoménale. Surgissant des tréfonds de la neige, une créature immense, épouvantable, semblant issue d’un sinistre cauchemar, une sorte de reptile gigantesque, au corps musculeux et pourvu d’une épaisse cuirasse, une gueule immense et des crocs aiguisés en lames de couteaux, un regard perçant et froid, et des pics, des griffes, des dards, saillants de toutes parts… Et des plus menaçants !

    En un centième de seconde, Kurogane avait bondit de la carapace du Gluck pour se lancer dans la bagarre. Sans son katana, la baston ne serait pas à son avantage, mais l’idée de pouvoir vaincre la créature presque à mains nues le stimulait tout autant. Il lui assena le premier coup et un coup décisif, même si sa lance de fortune s’était brisée sous l’impact.

    « Joliiiie démonstration, Kuro Chan ! , commenta Fye en applaudissant depuis le dos du Gluck (broutant toujours des végétaux d’un œil bovin), comme s’il était confortablement assis sur les gradins d’un stade. Tu as fais du hachis de Morlock…

    - Cesses ton jeu idiot », grogna le ninja entre ses dents.

    Le sol se mit à trembler une fois de plus, et cette fois le séisme fut tel qu’il brisa net, étiola, propulsa les quelques arbres alentours. Cinq , quinze… QUARANTE créatures semblables à celle que venait d’abattre Kurogane venaient d’apparaître avec violence et férocité, prêts à engloutir les deux hommes et le Gluck, les cernant de toutes parts.

    Une bataille brutale et sanglante s’engagea. Kurogane bondit en tout sens, distribua de multiples coups et lacérations, se servant de la griffe aiguisée de l’un de ses adversaires vaincus comme de la lame de son katana. Mais plus il abattait de créatures, plus il en surgissait des entrailles de la neige, et le ninja se démenait comme un beau diable contre cette attaque massive.

    « Mais qu’est-ce que t’attends pour utiliser tes pouvoirs, abruti de mage ?! », vociféra-t-il à l’adresse de Fye, qui de son côté, se mouvait avec la grâce d’un danseur pour esquiver les attaques des créatures.

    « Tu sais bien que je n’ai pas le droit …

    - Eh bien réagis au moins pour ne pas te faire bouffer ! », hurla Kurogane en lançant une autre griffe dans sa direction…

    Le ninja continua de trancher dans le vif tout ce qui passait à sa hauteur, tellement préoccupé à abattre ses ennemis qu’il ne pouvait savoir si Fye, éloigné bien loin de son côté par les créatures, s’était décidé à se battre. Kurogane s’étonna lorsqu ‘il vit cinq monstres valdinguer en tout sens alors qu’il ne les avait pas touché. Le Gluck avait mis le turbo et fonçait furieusement, dans un grand « BEUWAAAAH !!!! », aussi efficacement qu’un troupeau d’éléphants, et au sommet de sa carapace, Fye distribuait les coups de gauche et droite avec vélocité. Kurogane fut si surprit de ce spectacle invraisemblable qu’il ne perçut pas assez vite le mouvement d’une créature, l’attaquant par le ciel, et qui, le touchant à l’épaule, l’envoya valser à plusieurs mètres de distance dans la neige, avec une violence et un fracas d’os brisés épouvantables. Des coups, Kurogane était habitué à en recevoir, et en distribuer dix fois plus. Fye savait qu’il allait se relever en une demi seconde et régler son compte à la créature qui avait commis l’offense de le toucher.

     

    Mais il ne se releva pas.

    Il ne bougea pas.

    Il demeurait effondré à terre…

    Comme si…

     

    « Kuro Chan !!!! », cria Fye en fonçant avec le Gluck dans sa direction. Vite, vite avant que les créatures ne le dévorent… Luttant pour rejoindre son camarade, Fye se battit avec plus de détermination qu’à l’accoutumée. Peu lui importait de souffrir lui-même. Il savait depuis longtemps, au plus profond de sa chair est des recoins tortueux de son âme, toute la signification de ce mot. Mais s’il perdait un seul de ses compagnons de voyage…

     

    Il rejoignit enfin Kurogane, inanimé mais vivant. Cependant les créatures étaient toujours plus nombreuses et Fye ne savait plus très bien comment protéger le corps de son camarade.

     

    … PROTEGER …

    Echouée dans sa propre toile, l’araignée fut lentement dévorée

    Dévorée encore et encore, par ces peurs qu’elle n’osait nommer

    … SENTIMENTS …

     

    « Je ne connais pas ces mots », murmura Fye pour lui-même.

    Il fonça droit sur une créature, plantant avec violence son arme dans sa chair.

    « Je ne les connais pas, parce que… »

    Kurogane ouvrit lentement les yeux. Il vit Fye lutter avec fureur, la folie du désespoir, contre les créatures. Le ninja voulu se relever pour lui prêter main forte, passant outre la douleur qui lui perçait l’épaule. Mais Fye ne semblait ne même pas s’en être rendu compte, continuant de lutter contre les créatures avec une férocité inhabituelle et des yeux éteins, absents, comme si le véritable combat n’existait plus, comme si…

     

    «  Fye !!!! », cria Kurogane.

    Il se retourna lentement vers lui, pale comme la mort, les yeux hagards, avec tant de tristesse et de rage mêlée… Il acheva sa phrase d’une voix vaincue :

     

    « … Parce que ces mots… Personne ne me les a appris. »

    Ce ne fut que l’espace d’une demi seconde. L’une des créatures, avant de mourir, propulsa son dard et celui-ci vint transpercer Fye de part en part, comme s’il n’était que le mince fil ténu traversé par une aiguille, et il échoua à terre, empalé.

    Révulsé d’horreur, le Gluck se cabra, affolé, et prit la fuite. Kurogane hurla de rage et de colère, fonça sur la créature criminelle pour l’achever, et dans son élan, fit un véritable carnage avec toutes celles qui restaient. Sur le blanc immaculé de la neige, il n’y avait plus que la souillure des cadavres déchiquetés et d’affreuses flaques sanguinolentes.

    Ereinté, une douleur insondable coulant tout le long de son bras, Kurogane se traîna jusqu’à Fye, toujours vivant mais pratiquement crucifié sur le sol. Non… Pourquoi avait-il décidé de se battre aujourd’hui, comme il le lui avait ordonné, au lieu d’esquiver les coups comme d’habitude ? Il avait pourtant son sourire no 3, le plus radieux et insouciant, sur le visage.

    « Je crois que j’ai fais une bêtise, Kuro Papa… », Murmura-t-il faiblement avant de fermer les paupières.

    « NE T’ENDORS PAS !!!! », ordonna Kurogane dans un cri rauque. Mais lui-même n’avait pas su ménager ses forces et mesurer l’importance de sa blessure, et son corps s’effondra à côté de celui de Fye, dans la neige.

    « Ne t’endors pas… » , répéta-t-il faiblement pour lui-même.

    « Il ne faut pas… »  dit-il alors que sa vue se troublait.

    « Si jamais on s’endors »…

    Sa main  agrippa le bras inanimé de Fye dans un geste protecteur…

    Il cru discerner, debout en face d’eux, une grande silhouette, blanche et lumineuse. Un mirage ? Un début de rêve ? Un shinigami venu les emporter à tout jamais ?

    « Non, il ne faut pas, grogna Kurogane… On n’a pas le droit d’abandonner… Les enfants ! »

    Il perdit à son tour connaissance.

     

     

    CHAPITRE 4 : Face à Face

     

    « J’espère qu’ils vont bien », murmura Sakura face à une large fenêtre.

     Dehors, la  neige tombait en épais flocons moussus sur le panorama uniformément glacial. Shaolan ne répondit rien, non moins inquiet. Il savait par expérience qu’il n’était jamais bon que le groupe soit séparé : si la chance souriait aux uns, les autres se trouvaient immanquablement en situation périlleuse. Seul Mokona semblait parfaitement heureux, dansant et chantant comme un salary man japonais au karaoké, après une journée de travail et une cuite sévère :

    «  Here we go ! Iko yo, Iko yo, tsubasa hiroge ! Kitto nanika ga nanika ga dokoka de daeru  hi o matte ru do! Do! Do! Dreaming! Dreaming!  Soshite tobira ga hiraku yo...”

    “Bravo, c’est très joli, lui dit Sakura.

    - Cette chanson parle de toi” , répondit Mokona d’un ton mystérieux avant d’avoir un rire dément et rebondir partout sur les meubles du petit salon où ils se trouvaient.

    « Mlle Shuko a disparu depuis un moment… murmura Shaolan. Quand donc aurons-nous l’occasion de rencontrer la Reine de Cristal ? 

    Une demi tonne de gardes lui étaient tombés dessus pour qu’il revête un costume digne de le présenter à la souveraine, sans oublier la liste interminable de recommandations.

    « Soyons patients, lui répondit Sakura de son plus charmant sourire. Il faut d’abord que ces personnes comprennent que nous n’avons aucune mauvaise intention

    - Mais nous n’en avons jamais douté. 

     Sakura sursauta. La tendre voix qui venait de prononcer ces mots était tout à fait semblable à la sienne. Elle se demanda si elle avait prononcé cette phrase sans s’en rendre compte ou si Mokona s’amusait à faire des imitations !

                    Shaolan fit volte-face et n’en cru pas ses yeux ébahis. Là, à l’entrée du salon, escortée par Shuko et l’une des dames blondes que la princesse avait vue, se tenait une troisième jeune femme, tout à fait splendide, vêtue d’une magnifique robe vaporeuse d’un blanc irisé de rose, et le front sertit d’un diadème ouvragé.

     

    La Reine de Cristal.

    Mais aussi…

     

    La Princesse Sakura, troublée, émue, s’approcha lentement de la Reine de Cristal. Face à face, elle ne pouvait que constater l’incroyable évidence : elle se trouvait face à elle –même, son double dimensionnel en ce monde, bien que plus âgée qu’elle d’une dizaine d’années, plus grande. Si le Princesse Sakura était encore une adolescente, la Reine de Cristal était adulte depuis longtemps.Elle tendit ses mains en direction de Sakura et celle-ci les lui prit lentement. Face à face, elles eurent le même sourire confus à la même seconde.

    « Bienvenue dans mon palais, dit enfin la plus âgée des deux. Je suis la Reine de Cristal, et il y a longtemps que j’attendais ta venue et celle de tes compagnons, petite Sakura… 

    Sur la tête de Shaolan, qui ouvrit des yeux ronds comme des billes, Mokona agita des drapeaux tricolores et fit la ola :

    « C’est vrai que Mokona vient de très loin ! Mokona voudrait voir Paris et bouffer une ratatouille! Wiiiiz !!!! »

     

    CHAPITRE 5 : Les deux Gardiens, l’ Ange et la  Fée.

    « Toc, toc, qui est là ?

    - Grrrrblmmph, grommela Kurogane.

    - Toc, toc, qui est là ?, répéta la petite voix fluette.

    -  Mokona, fout moi la paix et va jouer ailleurs….

    - Toc, toc, toc…

    - Mais tu vas la fermer et me laisser roupiller, oui ?! », vociféra le ninja en bondissant hors de l’étrange sofa où il était allongé.

     

    Tout à coup il des demanda où il était, dans cette étrange habitation de roc et glace mêlée, décorée dans un style « bonbonnière » rose guimauve, où il se sentit affreusement déplacé, à moitié nu qui plus est. Un coup d’ œil à son épaule, qui ne le faisait absolument plus souffrir, lui indiqua qu’il avait été soigné, et par une excellente magie d’après ce qu’il en jugeait. Mais il n’en demeurait pas moins séparé du groupe de Sakura, Shaolan et Mokona, et à présent de Fye !

    « Alors c’est vrai ? », demanda une petite voix en coupant net le fil de ses pensées. Il se questionna sur l’endroit d’où elle provenait, avant de repérer ENFIN un gamin minuscule qui se tenait à côté de lui, âgé de cinq ou six ans tout au plus, mais dont il ne voyait pas le visage, dissimulé derrière un masque blanc de démon, le même avec lequel jouaient parfois les enfants de son propre pays, le japon.

    « T’es qui, toi ?, demanda stoïquement Kurogane.

    - C’est vrai que tu viens d’une autre dimension ?, répondit le gamin du tac au tac.

    - Hein ?! Qui t’as raconté ça, toi ?

    - C’est ma Maman. C’est elle qui t’as soigné. Et elle a soigné l’autre Monsieur.

    - L’autre Monsieur ? … Il est ici, lui aussi ?

    - T’es dur de la feuille ou quoi, le vieux ?

    - A qui crois-tu parler, microbe ? Et puis d’abord, c’est quoi ton nom ? 

    Le gamin eu un rire qui se voulait effrayant…

    « Mais mon nom à moi c’est… 

    Il retira le masque d’un geste théâtral et s’exclama, ses yeux rubis pétillants de malice au milieu de sa bonne bouille :

     

    «  KUROGANE !!!! 

    La mâchoire de Kurogane toucha le sol. Il avait face à lui son propre double, mais un double encore enfant, une miniature presque en super déformé, qui le toisait de toute sa petite taille.

    « Ah,  ça te la coupe, hein, gros lourdaud ? 

    Pas le temps de s’expliquer le pourquoi du comment. Kurogane posa son regard aux sourcils éternellement froncés sur le petit Kuro et lui demanda simplement :

    « L’autre type qui était avec moi, tu peux me dire où il est ?

    -          Bah, il est juste dans la chambre à côté, quoi ! 

    Kurogane se précipita aussi sec vers l’entrée de la pièce, qui ressemblait à celle d’une grotte, et après deux ou trois coups d’œil  rapides sur d’autres salles, toutes aussi vastes et étranges les unes que les autres, découvrit enfin Fye allongé sur un lit. Et bien vivant. Lui aussi avait été soigné par la magie, mais demeurait endormit d’un mauvais sommeil, qui l’agitait de convulsions et de fièvre,  le front en sueur. Il lui sembla aussi fragile et vulnérable qu’un petit enfant, avec pourtant sur les lèvres le sourire des anges…

    « Vous avez eu plus de chance que votre ami, il n’est pas encore tiré d’affaire… 

    Kurogane se retourna. Une sublime jeune femme venait d’apparaître, de celles qui malgré les intempéries à l’extérieur n’avait pas froid aux yeux, ni ailleurs, tout juste vêtue d’un body et de cuissardes blanches. Le mini Kuro lui apporta un kimono tout aussi blanc et finement brodé, qu’elle revêtit. Le grand Kurogane, lui, bien que demeurant de glace aux charmes de la demoiselle, éprouva immédiatement pour elle une impression de « déjà vu », alors qu’il ne l’avait jamais rencontrée auparavant, dans cette dimension ou une autre. Peut-être à cause de ses cheveux soyeux et d’une longueur incroyable, comme l’étaient ceux de sa chère Princesse Tomoyo. Mais celle-ci avait une chevelure d’un noir aussi profond que la nuit, alors que ceux de l’inconnue était d’un blond platine luisant de manière presque surnaturelle. Kurogane , loin de se laisser enchanter par la troublante apparition, lui demanda de son ton le plus hostile en désignant Fye, tourmenté dans son sommeil :

    « Que lui avez-vous fait ? 

    La très jeune femme (17, 18 ans ?) eu un sourire indéfinissable et ferma les yeux :

    « Tout comme pour vous, j’ai appliqué sur lui une magie ancestrale pour refermer ses plaies, qui étaient très profondes. Et sans vous demander la permission, je m’en excuse… 

    Elle s’approcha lentement de Fye toujours convalescent, dans un léger bruissement de Kimono, sous le regard méfiant du ninja, sur ses gardes.

    « … Cependant… Le dard de la créature qui a blessé votre ami était empoisonné. Bien que je lui ait administré un onguent, il lui faudra encore plusieurs heures pour éliminer totalement le venin de son sang. D’ici là nous devrons le veiller, car son sommeil risque d’être des plus agités… 

    Kurogane s’interposa en interrompant son geste alors qu’elle tentait d’approcher sa petite main du front humide de Fye.

    « Quel gardien possessif !, s’exclama l’inconnue avec un petit rire.

    - Je vous interdit de le toucher.

    - Possessif et jaloux. Je veux juste prendre sa température.

    - Et moi je ne vous connais pas. Qui êtes-vous ? », questionna froidement Kurogane. Elle eu un sourire aussi mystérieux qu’agaçant 

    « Les cauchemars qui agitent Fye… On une réponse que vous rencontrerez bientôt.

    - Mais qu’est-ce que vous me racontez ?!, vociféra Kurogane alors qu’elle quittait la pièce. Vous n’avez répondu à aucune de mes questions !

    - Arrêtes de gueuler, on est pas sourds, pépé !, lança le mini Kuro d’un air narquois avant de suivre la blonde énigmatique.

    - Quoi ? Viens ici qu’on discute, sale petit…

    - Je me nomme Shirahime Syô, coupa la jeune femme en kimono , en se retournant au dernier moment. Jusqu’à ce que votre ami et vous soyez totalement guéris, vous êtes mes invités.

    - SHI … RA … HI … ME ????

    - Les humains me nomment aussi la fée des glaces 

    Puis, se penchant vers l’enfant à ses côtés :

    « Tu viens, Kuro-kun ?

    - Oui, Maman ! 

    La fée des glaces ? Maman ? Elle était bien trop jeune pour avoir un enfant de cet âge, à moins de l’avoir eu à 12ans ! Et puis elle ne ressemblait en rien à sa « VRAIE » mère, non mais !

    Souffrant dans son sommeil mais légèrement conscient, Fye tenta d’étouffer un gémissement entre ses lèvres. Quels sombres cauchemars dissimulent le sourire des anges ?

    Tentant de conserver un air totalement indifférent, demeurant debout et les bras croisés, Kurogane marmonna :

    « Ne crois pas te la couler douce, tire au flanc ! »

     

     

    >>> ...